mardi 2 juin 2009

Etonnant vote de la FSU face à la réforme du recrutement des enseignants de Xavier Darcos.

Jeudi, cher lecteur, se tenait un comité technique paritaire ministériel (CTPM). Cette institution permet aux syndicats et au ministère de l'Éducation de discuter des réformes en cours. Durant cette réunion, venait sur la table la réforme de la masterisation du recrutement. C'est quoi donc ? Actuellement, les enseignants certifiés et les professeurs des écoles sont recrutés à la fin de la licence et les agrégés à la fin du M1. Depuis longtemps, le SNES demande une élévation de ce niveau de recrutement, d'abord pour faire passer dans la loi les augmentations des diplômes réels obtenus par les futurs profs, mais aussi en espérant une revalorisation salariale derrière, ce que les instituteurs avaient obtenue dans les années 1990. Cette situation a entraîné un grand flou ces derniers mois face aux propositions de Xavier Darcos.

En effet, le ministre s'est lancé dans un projet de grande restructuration, aboutissant à la suppression des IUFM, le recul de la qualité de la formation et la création possible de deux corps de professeurs : des recrutés par le concours et des personnes ayant un master mais n'ayant pas le concours, et pouvant permettre de développer un second groupe de personnes pouvant servir de personnel non-fonctionnaire. Les collègues (j'ai pu le voir dans ma salle des profs) sont très divisés sur cette question et souffrent des atermoiements des syndicats, eux aussi divisés et ayant diffusé une information parcellaire dans les bahuts.

Par contre, cette réforme a été à l'origine, avec la LRU, d'un très important mouvement universitaire durant plusieurs semaines. Le syndicat de la FSU, le SNESUP, y a d'ailleurs été très investi.

Avant le CTPM, l'ensemble des syndicats venaient de se constituer en front syndical et avaient décidé de ne rien lâcher. Et là, à la surprise générale, le SNES s'est abstenu et a laissé passer le texte, alors que le SNUIpp, le syndicat FSU du primaire, s'opposait au passage du texte pour le primaire. Certes, le SNES se justifie en mettant en avant le report de l'examen d'une réforme du statut des professeurs, mais dans les salles des profs, l'effet va être dévastateur…

L'une des tendances minoritaires du SNES, Émancipation, a violemment dénoncé ce vote. J'admets moi-même être totalement surpris devant une telle décision. Voilà qu'on vient de donner une belle légitimité à Darcos, qu'on vient d'envoyer paître les collègues de l'université, de rompre le front syndical toujours fragile et de laisser passer un texte très discutable, de dire aux collègues que leurs journées de grève de l'année n'ont vraiment eu aucun sens…

Les syndicats, en ce moment, sont tout de même très surprenants…

4 commentaires:

  1. Ben bravo le Snes !! Merci d'avoir noté que le Snuipp avait voté contre.
    Pour la masterisation , je n'ai toujours pas compris visiblement car, pour moi, à partir de 2010 ou 2011, ceux qui auront obtenu leur master deviendront profs... Selon toi, il y aurait encore une voie par concours ? Mais avec quels diplômes pré-requis ?
    En tout cas, en octobre j'avais vu une brochure du master demandé pour être prof des écoles et je n'avais pas compris la moitié des intitulés. Pourtant j'ai bossé pas mal en sciences de l'éducation, je lis beaucoup de bouquins de pédagogie et de psychologie de l'enfant et de l'élève mais c'était beaucoup trop universitaire (=théorique). Bien sûr, il y avait quelques semaines de stages mais, pour les PE du moins, on avait un IUFM qui fonctionnait bien. Avec des stages, des ateliers professionnels préparés et débriefés avec nos profs, des mises en situation entre nous, sans oublier évidemment quand même des réflexions sur l'apprentissage, la psycho, etc. Et même avec tout ça, beaucoup trouvaient qu'ils n'avaient pas assez d'atouts en mains pour être de bons PE. Alors maintenant, quand je vois le programme du Master,je m'inquiète énormément !
    ps : tu devais pas nous dévoiler aujourd'hui ce qui s'était dit à ta réunion au sommet ?

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  2. @ Nathalie : en fait, le concours devrait avoir lieu en début de M2 et non plus en milieu de M1 comme actuellement. Pour les programmes des masters, dans le secondaire, cela resterait disciplinaire. Sur le primaire, je ne m'y connais pas suffisamment pour en parler.

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  3. "Revalorisation salariale des instits en 1990"?
    A tel point qu'il a été nécessaire de verser une "indemnité différentielle" pour compenser le manque à gagner des instits qui passaient dans le corps des PE (et elle continue d'être versée pour les quelques instits restant qui passent chaque année dans le corps des PE)...
    Pour la "masterisation", même tour de passe-passe: la pseudo-augmentation du début de carrière annoncée ne compense même pas les traitements perdus durant les années de M1 et M2.

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  4. @ Anonyme : oui, c'est vrai, mais l'objectif était celui-là. C'est aussi la disparition du logement pour les instits. Pour la réforme actuelle, d'augmentation on parle à peine...

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