Ah, l'Allemagne, quel beau pays...
Bon, je parle sans connaître, vu que je n'ai jamais eu la chance de passer le Rhin, mais en ce moment, cher lecteur, soyons clair : l'Allemagne est clairement l'eldorado de toute la classe politique.
On pourrait s'en réjouir. N'oublions pas, cher lecteur, qu'il y a encore peu de temps, nous avions la redoutable habitude de nous entre-tuer, environ tous les 30 ans, avec parfois des conséquences tout à fait considérables à l'échelle mondiale. Depuis la Guerre de Trente Ans, les conflits entre les Etats allemands et la France ont été récurrents. Voir maintenant toute la classe politique française louer l'Allemagne marque donc le triomphe de notre réconciliation et du choix stratégique du général de Gaulle et d'Adenauer.
Malheureusement, je crains qu'on n'en soit pas là. Les médias et les politiciens n'ont cessé de chercher des modèles pour essayer de réformer notre pays. Il y a eu, bien sûr, le modèle américain, mais malheureusement, les Français ont un gros problème relationnel avec les Etats-Unis (deux pays arrogants, cela a du mal à s'entendre), et cela n'a jamais vraiment pris. Les communistes ont longtemps voulu nous vendre le rêve soviétique, parfois suppléé par le rêve chinois ou le rêve cubain, et récemment par le rêve chaviste.
De leurs côtés, les droites ont longtemps mis en avant le joyeux modèle britannique, certes inégalitaire mais créateur de croissance. Malheureusement, ce pays vient de s'écraser dans la crise économique et a cette fâcheuse manie de refuser la politique européenne qui rend tout le monde heureux, surtout les Grecs et les habitants des Pays Baltes. On a aussi beaucoup mis en avant l'Espagne, jusque récemment...
Du côté des sociaux-démocrates, on a utilisé les mêmes idées. Tony Blair fut le modèle à suivre, avec un petit renfort de Zapatero. Déjà, on a vu poindre la tentation allemande à gauche à l'époque de Schröder, mais cette période a été assez courte, le dirigeant du SPD se vautrant dans les relations contre-nature avec la Russie, pendant que la qualité de vie des milieux populaires de son pays ne cessait de se dégrader.
Aujourd'hui, l'Allemagne est au centre du débat. En effet, c'est l'un des rares pays de l'UE qui ne se porte pas trop mal au niveau de la croissance de son PIB.
En face, les Français, des fainéants, et la France, un pays sur le déclin...
Je ne vais pas me mettre à disserter, cher lecteur, sur les caractéristiques de l'organisation politique et sociale de notre grand voisin. En effet, s'appuyer sur un pays frontalier pour y trouver des idées impliquerait qu'il nous ressemble un minimum. Or, c'est loin d'être le cas.
L'Allemagne est un pays vieillissant et dont la population va baisser, nettement plus industrialisé, ayant axé sa croissance sur l'offre et sur une distribution inégalitaire des richesses.
En fait, en y réfléchissant bien, je ne vois pas vraiment de pays comparable à la France : un pays en croissance démographique, en voie de désindustrialisation mais ayant une forte puissance agricole et des services de qualité, avec des services publics forts mais un Etat en difficulté et une distribution des richesses elle aussi de plus en plus inégalitaire, une place de l'Etat particulière dans nos mentalités (que ce soit en négatif ou en positif).
Cher lecteur, vois-tu un pays qui nous ressemble ?
Moi, non. Ce n'est pas en s'appuyant sur l'Allemagne, l'Espagne, le Royaume-Uni, la Chine, le Vénézuela ou Cuba qu'on va trouver des solutions politiques. On y trouverait peut-être de l'inspiration, et encore...
Ce que ces arguties révèlent, ce sont les difficultés de nos politiciens à trouver des solutions originales et innovantes pour un pays particulier. Et là, on devrait à la fois s'inquiéter et se dire qu'il faudrait que les citoyens s'investissent un peu plus dans tout cela pour réanimer le débat public.
Ce sont des voeux pieux, mais enfin, on peut toujours rêver...