dimanche 12 octobre 2008

Deux questions politiques qui préoccupaient les historiens ce week-end.

Comme je te l'indiquais dans mon billet précédent, pendant que certains blogueurs se prélassent devant des films et que d'autres lisent des blogs de concurrentes, j'ai eu la chance d'aller passer quelques jours à Blois pour assister aux Rendez-vous de l'Histoire 2008.


Cette réunion est une création de Jack Lang, maire de Blois de l'époque, en 1997. Son objectif officiel était de réunir dans un même endroit des historiens reconnus pour leur permettre de s'adresser à un large public avec un système de conférences gratuites. Évidemment, Jack cherchait sans doute aussi à se faire mousser un peu et il était d'ailleurs présent durant l'une des conférences du week-end.

C'était la première fois que je me rendais là. Étudiant, je ne voyais pas l'intérêt d'aller à un endroit où j'allais réentendre les mêmes professeurs que j'écoutais chaque jour en cours ou que je lisais. Devenu professeur, je ne pouvais m'y rendre aisément, vu que l'ancien maire de Blois (Jack Lang, si tu as suivi) avait eu la bonne idée de placer cette manifestation en période scolaire, empêchant les enseignants, qui sont pourtant très souvent en vacances, de s'y rendre aisément.


Je m'attendais un peu à trouver une manifestation poussiéreuse (c'est mon image des historiens) avec le gratin universitaire venu se montrer et un public clairsemé. Je me consolais en me disant qu'il y avait peut-être une chance que certains des collègues avec qui je devais être en stage soient sympathiques. Ce fut d'ailleurs le cas, et nous avons ensemble dégusté les nombreux petits vins du pays blésois et tourangeau, et en particulier la bernache, juste arrivée, et le Oisly, un sauvignon très agréable en fin de soirée.

Ce fut bien la seule chose que j'avais prévue. Le reste fut tout différent : une foule incroyable se pressait dans toutes les conférences, mais aussi au salon du livre d'histoire organisé à la Halle aux grains de Blois. Je me suis même fait refuser de deux conférences ! En plus, la ville grouillait de profs d'histoire-géographie du secondaire, car l'académie d'Orléans-Tours autorisait les profs de la zone à venir sur place : impossible de boire un verre sans entendre parler de copies et d'élèves autour de moi ! Le grand public était là aussi, certes plus attiré par les stars venues se montrer que par les historiens peu connus, mais toujours diffus dans la ville. Je retiens d'ailleurs une image assez amusante du salon du livre : voir Jean-Louis Debré, venu dédicacer son dernier livre, Les oubliés de la République, attendre une bonne dizaine de minutes à son stand que quelqu'un lui tende nonchalamment son ouvrage. N'est pas historien qui veut !

Malgré l'ambiance studieuse, ça parlait politique souvent durant ce salon, et sur deux sujets différents :



  • Première préoccupation de mes collègues : la crise financière que nous vivons est-elle une rupture historique ? Durant les tables rondes mais aussi dans les cafés et les restaurants autour, j'ai pu entendre une multitude de comparaison menée par des spécialistes. En laissant traîner mes oreilles, j'ai pu comprendre que les historiens économiques semblent d'accord pour dire que la structure de cette crise est unique et qu'elle ne ressemble pas du tout à la crise de 1929 souvent évoquée par la presse. Certains historiens sont déjà prêts à travailler dessus. En tout cas, vu la passion des collègues, si la rupture n'est peut-être pas réelle (il est trop tôt pour le dire), elle marque largement les esprits.

  • Cependant, ce sujet occupait moins les tablées que la rumeur courant depuis quelques jours dans le milieu de la sortie de l'histoire-géographie des matières obligatoires au lycée et de la séparation de l'histoire et de la géographie. D'ailleurs, Xavier Darcos, qui devait passer, a finalement annulé sa venue et a laissé un inspecteur général se faire huer à sa place au moment de l'inauguration officielle le vendredi matin. La rumeur a finalement été démentie, mais le projet de réforme du lycée reste toujours très flou. Dès que le ministère aura enfin annoncé un projet stable, je t'en ferai bien sûr quelques billets.


En tout cas, cher lecteur, j'ai écouté quelques conférences qui peuvent avoir des consonances politiques, et je t'en parlerai bientôt, si l'actualité m'en laisse le temps.

En rentrant, j'ai découvert près d'une centaine de billets dans mon Netvibes. J'ai pu voir que LOmiG fêtait son anniversaire, mais je ne te cacherai pas que celui qui m'a fait le plus rire est celui-là. Il m'en reste encore 80 à lire. Au travail !!!

P.S. : source de l'image.

4 commentaires:

  1. Bonne rentrée Mathieu! Mais je doute qu'historiens ou économistes puissent analyser la crise actuelle et conclure si elle va ou non changer le monde, avant longtemps… Par exemple, qui peut dire aujourd'hui si la Chine et l'Inde vont ou non supplanter les USA à la faveur de ce cataclysme?

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  2. @ LCC : c'est évident, mais ils sont déjà en train de s'imaginer des choses. Les historiens sont très ambitieux, mais je crois que les économistes le sont encore davantage...

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  3. Ca doit être drôlement sympa quand même, ce genre d'évènement !
    Et on en saura plus sur les sujets des conférences ?

    J'ai lu sur Télérama que les historiens avaient rédigé un appel contre la prolifération des lois mémorielles.
    C'est bien intéressant tout ça !

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  4. @ Audine : oui, je pense que, pendant les vacances de la Toussaint, je vais avoir le temps de faire cela sérieusement.

    Rendez-vous à partir du 25 octobre, donc...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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