jeudi 25 février 2010

Delanoë sur Inter : mise en place de péages sur les autoroutes urbaines d'Île-de-France.

En parlant de transports, revenons à la politique, et plus particulièrement aux élections régionales. Ce matin, Bertrand Delanoë était sur France Inter pour défendre la candidature de Jean-Paul Huchon à la présidence de la région. Bien que marquée par des arguments parfois orduriers, la campagne s'est focalisée sur la question des transports, prégnante dans notre belle région.

Le maire de Paris a ainsi annoncé une mesure-phare de la prochaine mandature socialiste : la mise en place de péages sur les autoroutes urbaines de l'agglomération, à destination en priorité des routiers, dans le but d'obliger les transporteurs à contourner la métropole.

En France, comme ce fut le cas pour les chemins de fer, le réseau autoroutier s'est structuré en étoile, selon un schéma centre-périphérie, avec Paris au milieu. Les pouvoirs publics ont depuis tenté de développer des liaisons transversales pour désengorger ce nœud routier, contrairement à ce qu'ils ont fait pour le train : A28 dans l'Ouest, A85 entre Angers et Bourges, A89 entre Lyon et Bordeaux, A26 dans l'Est entre le Nord et Troyes puis A5 jusqu'à Dijon... Ces réalisations, très coûteuses pour l'A89 par exemple, ont sans doute permis de régler une partie des problèmes, mais une grande partie du trafic routier français continue de passer par la capitale, suivant les vieux axes Le Havre-Paris-Lyon-Marseille et Lille-Paris-Lyon-Marseille. Les trois pôles économiques français sont donc reliés de cette manière, et il sera difficile de faire évoluer cette donne : les tentatives des métropoles d'équilibre, dans les années 1960, l'ont bien démontré.

Actuellement, il existe trois voies régionales pour contourner la capitale : le boulevard périphérique (tournant autour de Paris intra-muros), l'A86 en petite couronne et l'A104-N104 en grande couronne. Les deux premières sont toujours surchargées (essayez d'emprunter l'A86 entre Nogent et Rosny entre 7h00 et 21h00) et la troisième, si elle est plus fluide, n'en est pas moins très fréquentée et dangereuse.

Si le maire de Paris espère que les routiers emprunteront les grandes voies annexes (A26 et A28), je crois qu'il doit prendre en compte un paramètre important : le détour doit être moins coûteux en temps et en carburant que le passage par Paris. Sinon, les transporteurs choisiront de payer. D'autre part, ce sont les habitants de la région qui paieront le coût le plus élevé, puisqu'ils ne pourront se passer des autoroutes pour de nombreux déplacements transversaux. Il faudrait donc relancer la construction de voies de chemin de fer transversales (train, métro et tramway en fonction des lieux et des coûts) et diminuer régulièrement les tarifs des transports en commun (au moins pour compenser la perte de temps). Si l'argent de ces péages sert à réaliser ces projets, on aura déjà fait un pas vers la gratuité des transports locaux que je souhaite ardemment.

Cependant, à terme, ce programme ne pourra être efficace que si la SNCF développe le ferroutage (avec un contournement de la capitale) et repense l'ensemble de son réseau national. Là, cela va coûter cher et ne va pas concerner que l'Île-de-France. On touche là l'échelon national, voire européen. On trouve ainsi la limite des échelons locaux et de leurs capacités d'intervention. D'autre part, nos concitoyens, sans explication claire et sans objectif à long terme, risquent bien de réagir très négativement à une mesure qui apparaîtra comme un nouveau moyen de taxer le quidam, alors qu'elle est à l'évidence intéressante.

L'ïle-de-France étant une région à l'influence mondiale, elle ne peut faire des choix sans réfléchir à toutes les échelles. On ne peut faire un péage sans penser à l'avenir, sans donner une vision du réseau des transports du futur, coordonnée avec l'aménagement de l'ensemble du pays et de l'Union européenne. Je trouve que cette campagne aurait pu aborder ce thème, très important ici. Dommage que nos élus ne soient pas capables, parfois, de prendre un peu de hauteur et de rappeler aux citoyens que la question des transports parisiens ne se réduit pas à des vélos en accès libre ou à un péage...

7 commentaires:

  1. Bon. Billet lu. On est d'accord ! Mais comment veux-tu intéresser le citoyen avec un train qui porte des camions ?

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  2. @ Nicolas : si tu parles de péage comme amorce, cela va intéresser les gens.

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  3. Oui, pour leur propre gueule, pas pour détourner les poids lourds !

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  4. @ Nicolas : bien sûr, mais cela n'empêchera pas les gens de prendre au moins conscience du problème.

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  5. Je l'aime bien Delanoë quand il pense à nous les parisiens ;-)

    Bon article au demeurant. Quelques remarques :

    "paramètre important : le détour doit être moins coûteux en temps et en carburant que le passage par Paris. Sinon, les transporteurs choisiront de payer. "

    Il faut que le montant du péage soit dissuasif en effet ; cela doit pouvoir se calculer.

    "D'autre part, ce sont les habitants de la région qui paieront le coût le plus élevé, puisqu'ils ne pourront se passer des autoroutes pour de nombreux déplacements transversaux."

    pas forcément : le prix du péage peut être différent pour les camions en transit, les camions livrant dur Paris et les automobilistes locaux.
    Il y a déjà des tarifs différents sur les autoroutes pour les différents types de véhicules...

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  6. @ Polluxe : merci. C'est difficile de s'élever un peu dans cette campagne.

    Tu as raison pour les tarifs, mais on se place encore à deux échelles différentes.

    Si l'objectif est d'inciter les Parisiens à laisser leurs bagnoles au parking, il faut tout de même que ces péages pèsent un peu. Et là, ce sont les banlieusards, obligés de s'éloigner à cause des coûts du logement qui devront payer, car les Parisiens ont des transports. La pollution et la circulation ne se réduisent pas à la question des autoroutes.

    Tiens, je vais en faire un billet.

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