vendredi 26 février 2010

Une autre solution régionale sur la question des transports : le logement.

La campagne des régionales continuant à s'enfoncer en Île-de-France dans le n'importe quoi, je voudrais revenir un peu à mon billet d'hier sur le transport dans la région. Un commentaire de Polluxe m'a en effet mis la puce à l'oreille.

Si l'on revient à l'échelle purement régionale, la masse des migrations pendulaires journalières est causée par l'éloignement entre les lieux de travail et les lieux d'habitation. Cette situation est liée à la fois au manque chronique de logements sur la région et aux écarts importants de revenus de la population. Pour se loger, les personnes les moins bien payées, soit les 50% de la population touchant le SMIC ou moins, doivent s'installer soit dans du logement social (très demandé et surchargé), soit de plus en plus loin des grands centres d'activité. Ce sont donc ces populations qui utilisent le plus la voiture, car les déplacements internes à la banlieue sont difficiles en transport en commun, et il faut bien aller travailler. Les Parisiens, eux, qui peuvent se passer de la bagnole du fait de la qualité du réseau métropolitain, ne seront pas gênés par le péage.

La réduction de la circulation automobile sur l'agglomération ne pourra donc pas se contenter d'un péage autoroutier, même si l'idée est bonne lorsqu'on traite la question à l'échelon national. Hier, nous évoquions l'idée de poursuivre le développement des transports en commun transversaux, mais cette solution, si elle serait très positive, ne sera pas suffisante.

Il reste une option, qui aurait dû être évoquée dans cette campagne : la construction des logements près des lieux d'activité et dans les zones centrales de l'agglomération. Il s'agit d'une mission qui concerne aussi le conseil régional (dans le cadre de l'aménagement du territoire), pas seulement les communes, l'État ou le département. Tu l'auras compris, cher lecteur, je milite à la fois pour une relance de la construction publique du logement et pour une densification des zones centrales de notre agglomération. Je ne demande pas un retour des grandes barres, mais pourquoi ne pas élever un peu la hauteur du centre ?

D'ailleurs, j'ai souvenir que, dans mon passé d'étudiant, mes professeurs de géographie nous enseignaient que les classes moyennes et populaires fuyaient les centres pour accéder enfin à la maison individuelle et au jardin, rêve de tout individualiste qui s'assume. Ce rêve est-il si universel et si partagé ? N'y a-t-il pas de nombreux individus qui ont fait ce choix (et qui se tapent deux heures de voiture par jour) parce qu'ils ne pouvaient tout simplement pas rester au centre ?

Je ne pense pas que Bertrand Delanoë aimerait qu'on lui propose de densifier Paris. Pourtant, l'électorat plus populaire vote plus à gauche normalement. Dommage que sa communication politique ne soit centrée que sur les bobos parisiens.

10 commentaires:

  1. « La masse des migrations pendulaires journalières »

    J'adore ! Je ne vous confierais mon fils ou ma fille pour rien au monde, vu la manière dont vous vous exprimez, mais j'adore.

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  2. @ Didier : normalement, migration pendulaire suffit, mais j'ai rajouté "journalière" pour marquer le fait que "pendulaire" ne couvre pas une heure simplement, mais les mouvements se produisant durant la journée et se caractérisant par un retour au point de départ le jour même. Si vous le voulez, je vous prêterai un dictionnaire de géographie un de ces jours.

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  3. Le pendant est aussi de construire des immeubles de bureaux dans les zones résidentielles (ce qui se passe à Bicêtre). Mais oui... Quand je vois mes collègues se taper plus d'une heure de transport pour rejoindre un pavillon de banlieue, je me demande s'ils ont, un jour, rêvé à mieux...

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  4. Densifier Paris??? Régression! Contre sens! c'est la Banlieue qu'il faut urbaniser et diversifier avec des infrastructures, des bureaux, des campus universitaires dignes de ce nom. Mais surtout en cessant le soupoudrage qui ne fait que reproduire les erreurs du passé (la Bnf à Tolbiac, les Archives Nationales à Pierrefitte, la Sorbonne à Saint-Ouen, l'EHESS à Aubervilliers, les magasins de Pompidou à Gare au Nord, les archives du Quai d'Orsay à la Courneuve... Au secours!)
    G.

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  5. "Bon, cette fois on vous fera pas des vilaines barres HLM. On vous prépare un autre désastre"

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  6. @ Nicolas : personnellement, j'admets que le pavillon de zone rurbaine n'a jamais été mon rêve. Une maison de ville à la rigueur, mais je n'ai pas les moyens en région parisienne.

    @ Anonyme : urbaniser la banlieue, cela va coûter plus cher, non ? La surface est plus grande. Cependant, je suis assez d'accord avec toi. On pourrait mixer les deux solutions : élever un peu Paris et travailler sur les infrastructures de banlieue.

    @ Paul : et sinon, un argument ?

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  7. Et la province, oui je sais tu t'es placé dans le cadre des régionales, mais aller urbaniser des régions qui ont été désertées, à l'heure d'Internet ça doit être réalisable. Sur le plan économique, les terrains sont peu chers. A creuser peut-être.
    La décentralisation ne doit pas concernée que les pouvoirs publics.

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  8. @ Flèche : oui, je parlais ici des régionales, et donc de l'Île-de-France, ma région. Cependant, je suppose que ton idée serait possible dans certains coins. A quel coût ?

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  9. La "densification des zones centrales" : c'est fait à Paris, qui est quasiment plein, reste la petite couronne.
    Mais comme le suggère Nicolas, on pourrait aussi passer à un modèle polycentrique au lieu de tout centraliser sur Paris... en densifiant les centre-villes de banlieue et en mixant habitat et bureaux. Pour une agglo de 12 M de personnes cela me parait raisonnable...

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  10. @ Polluxe : plein à Paris ? Non, je ne trouve pas. Les immeubles sont bas. On pourrait remplir plus. Par contre, l'idée de la banlieue est bonne.

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