samedi 3 avril 2010

Le Brevet des collèges : on vire ou pas ?

Nos politiques ont trouvé un nouveau truc à réformer dans l'Éducation nationale : le brevet des collèges. L'idée est simple. Il s'agit de supprimer définitivement les trois dernières épreuves finales qui subsistaient à l'examen du brevet, pour les remplacer par une évaluation en contrôle continu complète.

C'est marrant. Le brevet représente exactement ce qui arrivera sans doute au bac dans quelques années lorsque la réforme du lycée se sera complètement appliquée.

Au départ, l'objectif était de tranquilliser un peu les élèves en essayant de réduire l'aspect impressionnant des examens finaux. Le brevet est donc devenu un examen mixte, mélangeant un contrôle final sur quelques matières (cela a varié en fonction des périodes) et un contrôle continu pour les autres. Progressivement, le poids des épreuves finales s'est amoindri face au contrôle continu. Vu la forte ségrégation du système éducatif français, les collèges ont appliqué progressivement des critères de notation variables, rendant cet examen sans aucune valeur. Il est d'ailleurs intéressant de savoir que le brevet, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, ne conditionne nullement l'entrée au lycée.

On arrive maintenant au bout du processus. En le passant complètement au contrôle continu, cet examen n'aura absolument plus aucun sens. Il en conserve en effet un. Pour un gamin qui poursuit des études, le brevet ne signifie rien et seul le bac marque quelque chose. Par contre, quand un enfant quitte le système scolaire à 16 ans, ce qui arrive encore à plus de 100 000 jeunes par an, la détention du brevet joue un rôle. Pour un employeur, le fait de ne pas avoir le brevet signifie clairement qu'on est face à un individu très faible qui risque de ne pas être capable de faire des tâches très simples.

Pour le brevet, il n'y a que deux solutions réelles :
  • soit on le vire car il n'a plus de sens,
  • soit on le remet en contrôle final avec évaluation nationale et anonyme, pour qu'il retrouve un sens autre que négatif.

Le fait de le rendre totalement continu finira de le rendre sans impact tout en le maintenant et les collèges auront tendance à le donner à un maximum d'élèves. En clair, si cette réforme peut encore avoir des intérêts comptables (cela coûte cher), elle n'en a pas d'autres...

25 commentaires:

  1. Vous êtes sûr que le brevet sert encore à quelque chose ? Vu la tragi-comique dévaluation du bac, on se pose sérieusement la question...

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  2. Je rappelle d'abord comment se déroulait le BEPC. Toutes les épreuves en contrôle final. Lorsque le nouveau brevet a été remis en vigueur, cela a été le cas : catastrophe totale et mise en vigueur d'un contrôle partiel sauf pour des matières phares (sauf l'histoire-géo qui n'était pas évaluée, mais on évitait de le dire afin de ne pas embêter les profs de la matière). Puis passage au contrôle continu seulement en classe de troisième et non plus en quatrième. Puis rajout du B2i évalué n'importe comment par Gibii, du niveau E2 en anglais évalué aussi n'importe comment et dans des conditions inacceptables pour un examen, du brevet de sécurité routière qui est une vaste plaisanterie et bientôt celui de secourisme, bref on en est venu à un diplôme sans aucun sens et sans aucune valeur ! On rajoute par dessus le socle de compétences qui n'a aucun sens et tout est fait pour que ce diplôme n'existe plus afin de faire adhérer à l'idée de l'acquisition de compétences que l'on pourra valider par carte électronique selon ce que l'on estimera posséder. La validation du B2i ou du C2i est déjà une illustration du caractère ubuesque du MEN et c'est un début. Il s'agit d'aller plus loin dans ce sens.

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  3. Ce qui me gêne le plus, c'est que des élèves qui échouent au brevet (donc les plus faibles) passent quand même en Lycée Professionnel.
    A charge des profs de LP de les faire réussir, dans l'urgence... Car au bout d'un an 1/2 ou deux ans, ils devront valider un CAP ; sinon, ils sortiront du système scolaire sans qualification.

    Rendre le brevet obligatoire pour le passage, supposerait des épreuves finales et anonymes (sinon certains profs seraient tentés de gonfler les notes des élèves faibles).
    Mais ce n'est pas la mode actuelle, qui tend à la généralisation du CCF (controle en cours de formation).

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  4. C'est quand même un monde, on veut toujours plus de diplômés mais les diplômes ne valent plus rien.
    On sait qu'il n'y a pas de travail au bout mais qu'à cela ne tienne, on fabrique du désœuvrement.
    Où sont les vraies valeurs ? Ce n'est sûrement pas en supprimant le Brevet des collèges qui peut représenter une étape de la construction d'un individu que l'on va contribuer à rendre la société plus sereine.

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  5. @ Didier : sur le bac, je ne suis pas d'accord, mais je ne vais pas en débattre ici.

    Sur le brevet, il a un sens négatif, assurément.

    @ Dominique : merci de ces précisions.

    @ Thierry D. : je n'ai jamais dit que je voulais qu'il soit obligatoire pour passer. Je dis juste qu'il devrait avoir un sens. Or, il n'en a pas vraiment actuellement.

    @ fr fff : le brevet n'a jamais visé à fournir un travail, ce n'est pas un diplôme qualifiant. Par contre, il est vrai qu'il n'a plus de valeur actuellement. Il faudrait le refondre ou le supprimer.

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  6. [@Thierry D: Des élèves qui échouent au Brevet passent aussi en lycée d'enseignement général, pas seulement lycée pro.]
    Le Brevet ne rime plus à rien depuis un moment déjà. C'est vrai, l'avoir ne sert à rien, mais ne pas l'avoir signifie être vraiment limité...
    Le supprimer ou le remettre en examen, je suis d'accord, sont les 2 seules alternatives valables.

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  7. On peut même aussi repasser le DNB en classe de seconde générale et technologique, ce n'est pas un problème. Le DNB n'a de valeur que si l'on se trouve devant un membre de l'ANPE afin de savoir comment être requalifié ou de connaître sa prochaine reconversion professionnelle, mais cela n'a aucun sens dans l'absolu : ce n'est pas un diplôme qualifiant et le CAP était le premier diplôme qualifiant, or il disparaît totalement depuis que l'on est passé au bac pro en trois ans. Ce qui veut dire la mort de presque tous les CAP et BEP. Et je ne sais si l'on a réfléchi sur l'isssue.

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  8. @ Lnk : j'ajoute que des élèves de lycée général repasse aussi le brevet. Cependant, cet examen n'est pas exigible pour le lycée, ce qui correspond aussi à sa valeur. Il arrive même que des gamins aient un bac mais pas de brevet... c'est rare cependant.

    @ Dominique : c'est tout à fait juste. Le fait d'avoir supprimé les BEP va faire sortir encore davantage de jeunes de l'école sans diplôme, et ce d'autant plus que l'enseignement professionnel se fait massacrer. Mais cela ne vise qu'à démanteler l'école publique à terme.

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  9. Les Britanniques viennent de montrer l'intérêt des évaluations nationales par rapport aux contrôles continus. Surtout pour les minorités. La situation doit être similaire en France.

    Vous l'aurez compris, je serais plutôt favorable à la réforme plutôt qu'à la suppression.

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  10. Entré dans l'enseignement dit "libre" en sixième, dès la fin de celle-ci j'ai passé un examen qui n'avait de valeur que dans ledit enseignement, puis un autre en fin de cinquième, puis le fameux Certificat d'Etudes Primaires en fin de quatrième, puis le BEPC en fin de troisième, et enfin le Bac en Classe terminale. Devoir chaque fin d'année faire l'effort de préparer des épreuves maintenait une pression qui apportait un sel aux années scolaires. L'avantage était apporté par un entraînement progressif à l'âpreté de l'épreuve de plus en plus importante, valorisante et contraignante.

    Aujourd'hui, il semble qu'il n'y ait plus rien de tout cela : pauvres élèves !

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  11. @ G. Pradeau : c'est aussi ma position, mais j'ai évoqué les deux pour que chacun se positionne.

    @ Babelouest : là, je reste un peu plus mitigé. Il faudrait qu'on arrive quand même à faire passer des connaissances autrement que par la souffrance, mais enfin, je suppose que c'est la culture de notre pays. Le travail est une souffrance par essence...

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  12. Un maximum d'élèves l'obtient déjà, ce brevet, parce qu'il est conçu pour...
    Le problème, c'est que l'épreuve finale conditionne largement tout ce qui précède, par exemple les formes pédagogiques : je pense au "gavage des oies" parce qu'il faut finir des programmes trop vastes à cause de l'examen final. Je pense aussi à la forme des contrôles en cours d'année, calquée sur les épreuves de l'examen final. Je pense aussi à ce difficile problème : à quoi préparer en 3e ? À la Seconde générale, où, selon les collèges, n'iront pas une majorité ou une minorité d'élèves, et dans ce cas le brevet n'est clairement pas au niveau ? À la Seconde professionnelle ? Au seul brevet ?
    On pourrait, je pense, enseigner de façon plus intéressante et plus utile encore (sans bachotage en particulier) sans examen final...
    Petite précision : je n'ai jamais passé le brevet en examen final, à l'époque on le donnait...

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  13. @ Cloran : je suis plutôt pour le retour d'un examen final, dont on pourrait toujours discuter des modalités.

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  14. Vaste débat... Pour ne prendre que l'exemple de la Terminale, l'orientation se fait pour bon nombre de dossiers sur la base des notes des deux premiers trimestres (il faut bien sûr avoir le bac à la fin), donc sur un contrôle continu...

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  15. @ Cloran : cela dépend tout de même du type d'orientation. Je suppose que tu évoques les filières sélectives.

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  16. L'inscription post-Bac se fait en fin de 2e trimestre pour toutes les filières, non ? Les conseils de classe formulent des avis au même moment (sauf pour les facs, pas d'avis nécessaire, mais on connaît les voeux) et maintenant c'est un système informatique qui remonte les notes fin 2e trimestre pour les filières sélectives, il me semble. Même les entretiens se font courant 3e trimestre, mais sur la base des bulletins des deux trimestres précédents. Le 3e trimestre, en gros, c'est pour finir les programmes et réviser le Bac.
    Bref tout me semble en place pour dire que l'orientation se fait plus sur un contrôle continu, en Terminale, mais il est vrai que le Bac reste le Sésame indispensable.

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  17. @ Cloran : tu confonds, non ? La façon dont se fait l'orientation est conditionnée par l'obtention du bac. Si on ne l'obtient pas, on n'a rien.

    Par contre, il est certain que si le bac se transforme en contrôle continu, la sélection sera complète et sans aucun frein.

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  18. Si on ne l'obtient pas on n'a rien, mais l'orientation ne se fait pas sur le Bac, elle se fait sur les résultats de l'année (de 2 trimestres). Beaucoup d'élèves vont passer le Bac en sachant où ils seront pris (sauf s'ils échouent), et ça c'est une sélection sur un contrôle continu, non ? Le résultat au Bac (en cas de réussite bien sûr) n'entre en ligne de compte que si en plus la formation post-bac désirée ou l'école visée nécessite une mention.

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  19. @ Cloran : oui, c'est une sélection sur dossier, mais impossible sans le bac. Si on supprime le bac, le dernier rempart encore existant sautera.

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  20. rempart contre quoi ?

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  21. @ Cloran : contre la hiérarchisation définitive et complète des établissements scolaires.

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  22. pas convaincu... avec le Bac elle existe déjà : j'ai des élèves (avec des dossiers scolaires de qualité) qui ont entendu (secrétariat d'écoles post-Bac) : de toute façon, vu votre lycée d'origine...

    De plus le Bac est déjà dévalorisé : je ne veux pas dire par là qu'il ne vaut rien et qu'on le donne à tout le monde, c'est faux. Mais dans l'esprit et le discours de beaucoup de personnes, y compris des profs, c'est perdu. Sans parler du succès de la publication du palmarès des lycées...

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  23. @ Cloran : n'empêche qu'un diplôme national est le dernier machin qui protège encore les élèves des bahuts défavorisés. Sans cela, nos élèves n'auront plus accès au système supérieur sélectif sans pistons ou passe-droits.

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  24. alors supprimons la sélection pré-Bac sur dossier...

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