Dans les commentaires de mon billet précédent, Manuel et le Faucon se demandaient pourquoi les grévistes de la SNCF faisaient grève et s'ils y avaient gagné quelque chose. Mesurer le succès d'une grève est finalement quelque chose de très complexe.
Il y a tout d'abord le gain immédiat qui peut se concrétiser par l'ouverture de négociation avec l'employeur. Dans ce cas précis, les bénéfices peuvent se matérialiser rapidement si l'employeur considère qu'il a intérêt à sortir du conflit. Là, le bénéfice est primaire et immédiat, et les grévistes peuvent considérer qu'ils ont eu raison de se bouger et de perdre des jours de paie.
Or, il est beaucoup plus complexe de mesurer les bénéfices secondaires d'un conflit, et je ne parle que des bénéfices. Reprenons le récent conflit qui a agité la Seine-Saint-Denis dans l'éducation. L'objectif était de lutter contre la suppression de la formation des enseignants, et de démarrer ainsi un mouvement social d'ampleur qui s'étendrait à l'échelle nationale. Le mouvement a assez bien démarré à Créteil, et les syndicats nationaux ont tenté, vaille que vaille, de le répercuter. Cependant, si on regarde bien les bénéfices, on pourrait considérer que ces grèves ont été un échec complet. Le mouvement, malgré deux grosses grèves les 12 et 23 mars, ne s'est pas étendu. Le 93 est retourné au travail après avoir laissé quelques jours de salaire au gouvernement et la réforme de la formation des maîtres poursuit son chemin.
Cependant, il faut regarder les suites et les bénéfices secondaires. Tout d'abord, le message est passé dans les médias et, surtout, les Français sont conscients que les discours justifiant les réformes du gouvernement dans l'éducation sont de la poudre aux yeux. L'idée que le gouvernement applique simplement de manière systématique la baisse des dépenses, pour payer le bouclier fiscal, est largement passée dans l'opinion. L'autre idée qui est passée est que l'éducation coûte chère et nécessite des dépenses. En cela, ce conflit est un succès, qui aura sans doute des répercussions dans le futur.
Et puis, si la réforme des lycée va se mettre en place sans problème, celle de la formation des maîtres est vraiment en train de patiner. Pour fonctionner, il faut en effet que des profs acceptent de former des stagiaires pendant un an, quasiment sans paiement. Sur Créteil, il faut 857 tuteurs (chiffre incluant les CPE et les documentalistes). Eh bien, le rectorat ne parvient pas à les trouver, car les collègues refusent de se porter volontaire. Là, c'est une belle réussite, et j'espère que l'an prochain, le gouvernement va être mis au tribunal administratif par de nombreux stagiaires qui recevront un stage sans stage...
Pour la SNCF (parce qu'il faut bien lire les communiqués de presse à la place de Manuel qui est un fainéant), la CGT a attaqué sur la question des embauches (500 contre 1 000 prévues pour cette année) et sur la casse du fret. Pour le moment, le mouvement semble échouer sur tous les plans, les négociations ne s'ouvrant pas et les médias matraquant et excitant l'agressivité de nos concitoyens. Rien ne dit qu'il en sera de même dans quelques mois. Attendons avant de conclure.
Ce matin, Jacques soulignait les nombreux conflits qui se déroulent dans le privé en ce moment (dont les médias ne parlent pas, bien sûr) et se demandait s'il ne faudrait pas lancer une grève interprofessionnelle. Là encore, il faut réfléchir aux bénéfices que nous pourrions en tirer, d'autant plus que nous sommes face à une multitude d'employeurs. Quand on gueule contre l'État, dans la fonction publique, on n'a qu'un seul employeur et c'est finalement assez facile. Par contre, dans le privé, on ne peut que difficilement obtenir une augmentation générale sans intervention de l'État (comme cela s'est passé en 1936 et en 1968). Or, on ne peut vraiment espérer que ce président, ce gouvernement et cette majorité imposent quoi que ce soit aux employeurs. Ce serait alors une grève-témoignage. Reste à voir si elle aurait un quelconque bénéfice primaire comme secondaire...
Il y a tout d'abord le gain immédiat qui peut se concrétiser par l'ouverture de négociation avec l'employeur. Dans ce cas précis, les bénéfices peuvent se matérialiser rapidement si l'employeur considère qu'il a intérêt à sortir du conflit. Là, le bénéfice est primaire et immédiat, et les grévistes peuvent considérer qu'ils ont eu raison de se bouger et de perdre des jours de paie.
Or, il est beaucoup plus complexe de mesurer les bénéfices secondaires d'un conflit, et je ne parle que des bénéfices. Reprenons le récent conflit qui a agité la Seine-Saint-Denis dans l'éducation. L'objectif était de lutter contre la suppression de la formation des enseignants, et de démarrer ainsi un mouvement social d'ampleur qui s'étendrait à l'échelle nationale. Le mouvement a assez bien démarré à Créteil, et les syndicats nationaux ont tenté, vaille que vaille, de le répercuter. Cependant, si on regarde bien les bénéfices, on pourrait considérer que ces grèves ont été un échec complet. Le mouvement, malgré deux grosses grèves les 12 et 23 mars, ne s'est pas étendu. Le 93 est retourné au travail après avoir laissé quelques jours de salaire au gouvernement et la réforme de la formation des maîtres poursuit son chemin.
Cependant, il faut regarder les suites et les bénéfices secondaires. Tout d'abord, le message est passé dans les médias et, surtout, les Français sont conscients que les discours justifiant les réformes du gouvernement dans l'éducation sont de la poudre aux yeux. L'idée que le gouvernement applique simplement de manière systématique la baisse des dépenses, pour payer le bouclier fiscal, est largement passée dans l'opinion. L'autre idée qui est passée est que l'éducation coûte chère et nécessite des dépenses. En cela, ce conflit est un succès, qui aura sans doute des répercussions dans le futur.
Et puis, si la réforme des lycée va se mettre en place sans problème, celle de la formation des maîtres est vraiment en train de patiner. Pour fonctionner, il faut en effet que des profs acceptent de former des stagiaires pendant un an, quasiment sans paiement. Sur Créteil, il faut 857 tuteurs (chiffre incluant les CPE et les documentalistes). Eh bien, le rectorat ne parvient pas à les trouver, car les collègues refusent de se porter volontaire. Là, c'est une belle réussite, et j'espère que l'an prochain, le gouvernement va être mis au tribunal administratif par de nombreux stagiaires qui recevront un stage sans stage...
Pour la SNCF (parce qu'il faut bien lire les communiqués de presse à la place de Manuel qui est un fainéant), la CGT a attaqué sur la question des embauches (500 contre 1 000 prévues pour cette année) et sur la casse du fret. Pour le moment, le mouvement semble échouer sur tous les plans, les négociations ne s'ouvrant pas et les médias matraquant et excitant l'agressivité de nos concitoyens. Rien ne dit qu'il en sera de même dans quelques mois. Attendons avant de conclure.
Ce matin, Jacques soulignait les nombreux conflits qui se déroulent dans le privé en ce moment (dont les médias ne parlent pas, bien sûr) et se demandait s'il ne faudrait pas lancer une grève interprofessionnelle. Là encore, il faut réfléchir aux bénéfices que nous pourrions en tirer, d'autant plus que nous sommes face à une multitude d'employeurs. Quand on gueule contre l'État, dans la fonction publique, on n'a qu'un seul employeur et c'est finalement assez facile. Par contre, dans le privé, on ne peut que difficilement obtenir une augmentation générale sans intervention de l'État (comme cela s'est passé en 1936 et en 1968). Or, on ne peut vraiment espérer que ce président, ce gouvernement et cette majorité imposent quoi que ce soit aux employeurs. Ce serait alors une grève-témoignage. Reste à voir si elle aurait un quelconque bénéfice primaire comme secondaire...
Pour ma part je ne me suis rien demandé du tout. J'ai fait une réponse via iPhone, donc rapide. Simplement pour dire que tu avais occulté que si pour certains, méchant forcément = gréviste et gentil forcément = patron, d'autres ont la vision inverse. Tout aussi caricaturale et binaire.
RépondreSupprimerPour ma part, sur cette grève des cheminots, je l'ai trouvé injuste, illégitime, et irresponsable. Et je ne me demande pas ceux qu'ils ont gagné ou pas, pour la raison aussi que je m'en moque.
Je suis loin d'être opposé systématiquement aux grèves. Mais ces gens là, dans le sud, ont voulu politiser un mouvement. Et se sont comportés, à mon avis, de manière irresponsables. C'est dommage.
Après chacun pense ce qu'il veut. Je crois que les gentils et les méchants ne sont pas forcément toujours au même endroit, et que d'une manière générale c'est toujours un peu plus compliqué que ça...
Ce qui ne nous empeche pas d'avoir chacun nos ressentis bien sur.
Bonne semaine (de vacances ?) à toi
@ Faucon : je ne te visais pas particulièrement, je prenais prétexte pour rebondir.
RépondreSupprimerFondamentalement, je suis d'accord avec toi. Les caricatures sont des deux côtés, et moi-même, j'ai parfois du mal à y échapper. L'important est d'en avoir conscience.
Sur la politisation, la frontière est toujours très ténue.
Fainéant oui, mais surtout pas intéressé par la grevomania française.
RépondreSupprimerUn intervenant radio parlait de Sudrails et la GCT qui joueraient au plus balèze avec la grève au milieu de la compet'. Comme je disais, je m'en tape, j'en sais donc pas plus, mais ce genre d'histoires sont elles sérieuses?
@ Manuel : c'est possible. Ces guéguerres entre syndicats sont fréquentes.
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