mardi 13 mai 2008

Quand l'éducation influe sur l'économie: le cas des vacances scolaires.

Aujourd'hui, j'ai envie d'un sujet, beaucoup, mais alors beaucoup plus léger.

En cette époque de tensions dans mon administration, je me posais la question de l'organisation de notre temps de travail. Personnellement, je ne suis pas un fanatique du travail à outrance, loin de là. Une société où le travail salarié prend toute la vie de l'individu doit vite devenir pénible. Pourtant, je suis persuadé qu'il est possible, sans supprimer de postes et sans dégrader la qualité des cours, de donner autant de cours aux élèves de ce pays en les fatiguant moins. J'ai une idée lumineuse: si on réorganisait les vacances!!!

Drôle d'idée, vas-tu me dire, lecteur! Voilà que le privilégié va remettre en cause ses sacro-saintes vacances au nom de ses élèves? Pas vraiment, car je me demande si cela n'améliorerait pas aussi ma vie. Je m'explique. Aujourd'hui, les élèves ont théoriquement, sur 52 semaines, une période de cours de 30 semaines. Cela signifie qu'ils sont en vacances 12 semaines, et donc, nous aussi. Il suffirait d'étaler un peu plus les cours: l'idée serait de supprimer quelques jours de vacances par-ci par-là. Si j'étais ministre, je décreterai qu'un élève n'a pas à recevoir plus de six heures de cours par jour, alors qu'un élève de lycée reçoit en général de sept à huit heures par jour. Cela signifierait qu'il faudrait rajouter 4,5 semaines de cours si on ne veut pas supprimer d'heures. Ce n'est finalement pas tant que cela. Aussi, je proposerai de supprimer 3 semaines durant l'été (de toute façon, la plupart des salariés ont entre 2 et 4 semaines l'été), de virer les vacances d'avril (avec tous les ponts de mai, c'est supportable) et de décaler celles de février en mars, et, enfin, de passer celles de la toussaint à deux semaines, car tous les profs savent que c'est un moment de grande fatigue pour les élèves. Je trouve que bosser moins de la journée mais plus étalé ferait du bien aux élèves, mais aussi aux profs, qui verraient moins leurs élèves chiants chaque jour. Evidemment, cette remise en cause de l'accord de 1950 imposerait de revoir les salaires des enseignants qui sont aujourd'hui payés sur dix mois de travail et non sur douze, mais tout se négocie.

En plus, cette réforme permettrait de reculer le bac dans le mois de juin, ce qui éviterait que les secondes, comme c'est le cas aujourd'hui, soient en vacances dès le début du mois de juin. D'ailleurs, je le signale au passage, les déclarations de Darcos sur le bac sont fausses. En effet, le début du bac a bien été décalé de quatre jours, mais les secondes finiront leurs cours au même moment, car leurs commissions d'appel ont été laissées aux mêmes dates. Les premières et les terminales ne viendront pas plus, car le bac approche. De l'art de faire de fausses réformes. La différence est que les profs de lycée ne feront rien une semaine de plus: vive le progrès!!!

Pourtant, cette refonte des vacances n'est pas pour demain. Et pour cause: la France est le premier pays touristique au monde. Cette puissance économique fonctionne en partie grâce aux nombreuses vacances des écoliers français. Il est donc hors de question, pour les lobbies du tourisme, influents auprès des députés, de remettre en cause les vacances telles qu'elles existent, et surtout pas celles de février et d'avril, vitales pour le ski.

Ce qui me surprend, c'est que notre pays est capable de justifier la mise d'emploi du temps difficiles pour des jeunes, et parmi les plus chargés au monde, dans le but de répondre aux besoins de l'industrie touristique. Je sais que le tourisme rapporte en France, et j'espère que ce choix en vaut la peine.

4 commentaires:

  1. Je trouve que c'est une très bonne idée de raccourcir les journées de cours. Je me rappelle le lycée et ses journées à n'en plus finir, c'était horrible! A te lire, ça a l'air drôlement facile, alors pourquoi ne le font-ils pas ? Tu crois que les profs ou les élèves s'y opposeraient?

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  2. Les lycéens, cela m'étonnerait dans le fond. Une partie des profs trouvera qu'il est scandaleux de rétrécir les vacances, mais s'il y a une augmentation derrière, cela devrait passer.
    Non, je crois vraiment que c'est le tourisme qui coincera. Pour rentabiliser les aménagements, les stations de sports d'hiver doivent être à plein cinq semaines par an. Le tourisme représente 6,5% du PIB (soit environ 100 milliards d'euros par an) et c'est l'un des seuls secteurs qui fait entrer des devises en France, et je ne parle pas du million d'emplois concernés. Si on menace les recettes françaises du tourisme (eh oui, les cinq voire huit semaines de congés payés, cela fait aussi travailler des gens) et particulièrement des sports d'hiver, c'est une menace pour l'économie et pour l'activité touristique dans son ensemble. Dommage pour les rythmes de nos enfants...

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  3. Ma scolarité en Allemagne se rapprochait de ce schéma. Des cours le matin, les après midi dédiés au sport ou autre activité culturelle, et moins de vacances.
    On ne peut pas dire que les allemands soient moins brillant que nous...
    Je me trompe peut être mais on est parmi les pays qui ont les horaires scolaires les plus lourds et les vacances les plus longues...
    Sinon, je ne vais pas débattre d'une augmentation ou non des salaires des profs dans un cas comme celui là mais juste poser une question: les profs aurait moins de vacances, mais travailleraient ils plus d'heures pour justifier cette augmentation?

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  4. Non, en fait, pas vraiment, mais le deal de 1950 entre les syndicats enseignants et le ministère indiquait bien que les deux mois d'été n'étaient pas payé, mais que les profs bénéficiaient de l'intouchabilité des mois d'été. Perso, je préfererai autant qu'on revienne là-dessus. Et là, mon intérêt personnel me dirait plutôt le contraire, mais bon, faut aussi penser à la collectivité de temps en temps. Par contre, l'administration doit penser que beaucoup de profs ne voudront pas de cela pour ne pas voir leurs élèves encore plus. On a déjà le second taux de dépression de France, faudrait pas l'aggraver davantage. Cela coûte à la Sécu et ne sert pas à grand-chose. La paie peut aider à compenser, et encore, je ne suis même pas sûr...

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