mercredi 14 octobre 2009

Le GPS, une vraie solution pour les désorientés ou un gadget coûteux de plus ?

Il y a deux ans, un groupe d'amis m'a offert un GPS, à l'occasion d'un anniversaire. Pour moi, c'était un fantasme : un appareil qui était capable de situer, à quelques mètres près, ma position exacte ! Une véritable jouissance pour tout géographe en herbe ! Je pensais que cet outil était une véritable révolution pour tous ceux qui éprouvent des difficultés avec la localisation et les cartes. J'avais été là-dessus très influencé par la publicité mais aussi par les discours, très positifs, de mes proches.

De nombreuses personnes sont en effet incapables d'utiliser convenablement une carte. Cette difficulté vient d'une incapacité à faire le rapport entre une représentation graphique de l'espace et l'espace réellement perçu par l'individu. Un autre problème peut se surajouter : l'incapacité d'imaginer un espace jamais vu auparavant en usant de ce qui est indiqué sur la carte. Je trouve souvent des élèves en classe avec ces problèmes-là. Pour les détecter, on peut faire un test très simple : demandez-leur de représenter quelque chose sur une carte, un itinéraire local par exemple ou le plan de la classe. Les quelques gamins qui échouent totalement et ne parviennent pas à respecter les échelles se repèrent vite. Ces problèmes se maintiennent à l'âge adulte, même si l'on feint de croire que la sortie du système éducatif les annule.

Le GPS semble une solution réellement satisfaisante pour ces personnes, pour qui utiliser une carte en conduisant est un vrai problème. Or, après un peu de pratique, il n'en est rien.

Lorsqu'un conducteur se retrouve à utiliser un GPS, il gère trois informations différentes :

  • ce qu'il voit devant lui, dans l'espace,
  • l'image projetée par le GPS lui-même,
  • la voix du GPS qui lui indique quoi faire.

Ce groupe d'information implique que le conducteur soit capable de faire le rapport instantané entre ce qu'il voit et les informations du GPS. Or, une personne qui ne perçoit pas convenablement l'espace ne peut pas faire le lien avec les informations de la carte. Les fabricants tentent d'ailleurs de créer des images se rapprochant de la vision humaine, mais il faut encore être capable de faire le lien entre la carte (qui en plus change tout le temps) et la réalité.

Il reste bien la voix, avec son côté directif, mais elle n'est pas non plus sans poser problème. Par exemple, si le GPS vous dit de tourner à gauche mais que vous voyez deux routes vers la gauche, vous êtes obligés de regarder l'image, et vous risquez de retomber dans l'erreur. De plus, certains individus ne relativisent pas les indications (le GPS me dit d'aller tout droit, mais la route est légèrement sur la droite…) voire sont eux-mêmes mal latéralisés et, lorsqu'on leur dit d'aller à droite, vont tourner à gauche

En clair, après deux ans d'expérience, le GPS me semble de plus en plus être un gadget qui n'apporte pas grand-chose. Pour ceux qui savent déjà utiliser une carte, il peut être utile, mais il est tout de même beaucoup plus cher qu'un recueil de cartes. Il évite juste de tourner la tête tout le temps pour regarder la carte et risquer de se planter dans le platane du carrefour. Il perd cet intérêt dès qu'on bénéficie d'un copilote. Par contre, pour les personnes ayant des difficultés de localisation dans l'espace, le GPS ne règle rien et ne permet pas à quelqu'un de vivre mieux les choses. Ces individus devront trouver d'autres voies pour sortir de leurs difficultés.

Un beau gadget, qui procure du plaisir à un fan des cartes, mais qui reste, malheureusement, un beau gadget.

En y réfléchissant, j'y ai trouvé un intérêt : permettre à un aveugle de se diriger dans les rues avec un GPS pour piéton, grâce aux indications vocales. Cependant, encore faut-il que cet aveugle ait une bonne perception de l'espace…

20 commentaires:

  1. Le GPS est réellement indispensable dans certains cas, notamment en zone urbaine.

    Néanmoins, ton billet est intéressant (c'est la première fois qu'on bosse sur le sujet).

    Il y a une horrible méconnaissance de la géographie par les Français, y compris ceux ayant fait des études, qui ne savent plus se présenter leurs emplacements sur une carte.

    RépondreSupprimer
  2. Je pense que le GPS est un outil merveilleux, que ce soit en ville ou sur les longs trajets. La représentation de l'espae et tout ça, c'est bien gentil mais dès lors qu'on a ce genre de problèmes, une carte ne change rien.
    Pourtant formé à la lecture de cartes, je préfère le GPS, par sa précision et son confort: pas besoin de s'arrêter sur le côté, de planifier son itinéraire, de se prendre la tête avec la copilote...
    Ce n'est pas un gadget, c'est un outil de confort routier.

    Néanmoins, je conserve toujours une carte Michelin dans la voiture...

    RépondreSupprimer
  3. Comme Homer. Le GPS c'est bien, vraiment bien. Mais la carte routière qui va avec est indispensable !

    Et Nicolas a raison, il faut avoir une bonne notion de géographie, et avoir une idée précise de son trajet. Le GPS est une aide, il ne doit en aucun cas être le directeur, le commandant, le guide.

    C'est ma vision du GPS :) Mais le billet est vraiment bon, y a bonne reflexion a avoir (on refait le GPS sur les blogs !)

    Bonne fin de semaine

    RépondreSupprimer
  4. @ Nicolas : je ne vois pas bien pourquoi il serait indispensable en ville et pas ailleurs...

    Je ne suis pas sûr que le problème soit une connaissance géographique, mais la capacité à se représenter l'espace, qui n'a pas de rapport réel avec l'apprentissage en classe. C'est compliqué d'expliquer cela en un commentaire...

    @ Homer : si tu utilises merveilleusement cet outil, c'est que tu ne dois pas être si mauvais que cela en carte.

    Je suis d'accord sur la carte, mais un GPS n'aide pas plus, à mon sens. J'ai vu quelques personnes en difficulté s'en servir, et, à mon sens, c'est presque dangereux pour les autres conducteurs.

    RépondreSupprimer
  5. @ Faucon : oui, pour moi, c'est un beau gadget. Personnellement, je m'amuse beaucoup avec, mais la carte ne me posait aucun problème avant.

    RépondreSupprimer
  6. Mathieu,

    Oui, j'ai été un peu rapide, quand je parlais de géographie c'était surtout la représentation de l'espace. Mais il y a aussi de la géographie. Tu auras le droit à un billet d'explication sur PLA dans la journée si j'ai le temps (je pense rebondir sur ton billet pour lancer une chaîne).

    Il est indispensable en ville pour trouvée une rue précise sans avoir à s'arrêter pour regarder un plan et ça ne m'intéresse de connaître chacune des rues des patelins que je vois. Par contre, pour les grands trajets, donc hors ville, je peux me contenter d'un coup d'oeil à une carte et mémoriser le trajet. Tiens ! Mon périple de cet été a été fait presque sans GPS sauf en ville (et sauf pour trouver le patelin du Coucou, car il est vraiment perdu). En quittant Bicêtre, j'ai regardé une fois la carte pour tout me mettre en tête, c'est tout. Ensuite, je regardais la carte pour voir ce qu'il y avait à visiter dans chaque coin, je n'avais pas de GPS. Je le rebranchait le soir pour trouver l'adresse des potes.

    RépondreSupprimer
  7. Et bien, voilà un bien beau billet qui nous sort de la routine antisarkoziste !

    Le GPS est véritablement un outil indispensable...pour les quelques fois où l'on se rend en zone urbaine inconnue. C'est un gain de temps formidable. Nul besoin de repérer le parcours, de planifier, de faire confiance à madame qui ne sait pas lire une carte, etc...

    En revanche, l'utilisation reste limitée à ces quelques cas. Ca peut sembler un investissement coûteux mais amorti sur plusieurs mois, il le devient moins, surtout si les cartes sont mises à jour, intègrent les emplacements de radars automatiques, les zones de limitation de vitesse, les embouteillages en temps réel, etc...

    RépondreSupprimer
  8. J'aime tellement le GPS que des fois je l'utilise sur mon iPhone même pour faire des trajets à pied !

    En même temps, je m'envoie aussi des Waves à moi-même pour rigoler.

    RépondreSupprimer
  9. Je suis un fan du GPS! Et comme ma femme dort systématiquement en voiture, ça m'évite de rentrer dans les platanes...

    RépondreSupprimer
  10. Mathieu, il me semble que tu as oublié la dimension psychologique du GPS. Personnellement, sa présence me rassure, même si je ne l'utilise pas. Exemple: Je travaille loin de chez moi et j'emprunte le même trajet tous les jours, sans besoin de carte; si un jour pour une raison quelconque il y a une déviation (très mal indiquées aux US), je sais que mon GPS me ramènera à la maison quoiqu'il arrive. Ou si j'ai l'habitude de prendre l'autoroute, qu'il y a des bouchons, et que je veux sortir, hop GPS. Je trouve qu'il soulage le stress de se perdre, dans une certaine mesure bien sûr... Je me sens en danger si je ne l'ai pas avec moi, même si je ne l'utilise pas. Alors oui je pourrais bien m'arrêter et regarder la carte, mais c'est tellement plus facile...

    RépondreSupprimer
  11. @ Nicolas : excellente idée, cette chaîne. Le problème des rues me semble en effet assez cohérent, comme du patelin vraiment très paumé, mais tu reconnais toi-même que tu ne l'utilises qu'à la marge.

    @ Nemo : c'est parce que je crache sur Sarkozy ailleurs... ;)

    Pour ton usage du GPS, je pense que l'amortissement se compte en années plutôt qu'en mois. De plus, pour les usages que tu indiques, on peut largement s'en passer. Le seul intéressant est la question des bouchons.

    @ Rubin : toi, tu es un vrai.

    @ Julien : tu as choisi la voix féminine ou masculine ?

    @ Lène : je n'ai pas souvenir que tu fus, dans le passé, une fanatique de cartes. Tu l'utilises donc comme un placebo. Cependant, tes difficultés ne semblent pas si grandes que tu ne puisses pas l'utiliser.

    De plus, ton cas est particulier. En tant qu'immigrée, tu ne dois pas être familiarisée avec l'espace dans lequel tu vis, ce qui n'est pas mon cas.

    RépondreSupprimer
  12. Bonjour,

    c'est un regard très intéressant sur le sujet. Je n'ai aucun réflexe "gauche-droite" et c'est vrai que la voix du GPS me perturbe plus qu'elle n'aide quand elle me dit de tourner à gauche ou à droite. Je coupe le son systématiquement;-)

    Mais sinon, je trouve le gadget fort utile dans certaines situations. Par exemple, pour échapper aux bouchons sur les grands axes en région parisienne. Il trouve quand même un chemin plus vite que moi toute seule avec une carte.

    RépondreSupprimer
  13. Il y a tout de même beaucoup de gens que cela aide. Mon mari, tout esprit mathématique qu'il est (il a fait ses études dans les maths), a du mal à voir dans l'espace (il ne se représente pas réellement les volumes à partir d'un plan, d'où de belles discussions à propos de l'agrandissement de notre maison, et s'il lit les cartes, il n'y est pas très bon ni très rapide) et il est facilement désorienté (aucun sens de l'orientation). Il considère que le GPS l'a sauvé et ne pourrait envisager de sortir sans.
    Moi qui ai le sens de l'orientation, lit facilement les cartes, reconnait tout itinéraire déjà emprunté une fois, je ne trouve pas ça utile (au contraire, je n'ai pas confiance) et ai du mal à comprendre les indications du GPS (pour trouver la bonne voie dans un échangeur par exemple).
    Pour moi c'est un gadget, pour lui, ze solution.

    RépondreSupprimer
  14. @ Anya : la latéralité est une des vraies questions à trancher pour améliorer l'outil. Pour les bouchons, c'est à mon avis le seul usage vraiment utile.

    @ LaurA : il serait intéressant de savoir comment votre mari utilise le GPS. S'en sert-il avec la voix ? L'image ? Les deux ? L'utilise-t-il tout le temps ? Seulement pour les trajets inconnus ?

    RépondreSupprimer
  15. Merci pour le lien, ça fait deux fois, faudra que je pense à rendre la monnaie !
    ;)

    RépondreSupprimer
  16. @ POISON-SOCIAL : de rien. En général, mes liens ne sont pas faits au hasard.

    RépondreSupprimer
  17. Ah oui, pardon : moi aussi, j'apprécie le gps, mais je fais comme notre ami Homer, toujours une petite carte sous la main, on ne sait jamais, avec ces bestioles électroniques.

    RépondreSupprimer
  18. @ POISON-SOCIAL : cela prouve bien que ce système est loin d'être parfait...

    RépondreSupprimer
  19. Il est vrai que le GPS n'est pas toujours simple d'utilisation. D'ailleurs allez faire un petit tour à La Défense... non, pas pour voir Jean ! mais à cause des buildings qui provoquent des erreurs de positionnement de plus de 100m et vous collent donc sur la mauvaise route. Là ça devient vraiment marrant quand le GPS vous dit de tourner alors que vous êtes sur un tronçon de la rocade sans sortie...

    Mais je prédis que dans moins de 10 ans, l'écran de navigation fera apparaitre l'image d'une caméra fixée sur le pare-brise sur laquelle on aura sur-imprimée le chemin à suivre. Et alors là... plus de soucis, même pour ceux qui ont du mal à se repérer spatialement, et moins de risque lorsqu'on regarde l'écran, vu qu'on voit aussi si le véhicule de devant freine.

    RépondreSupprimer
  20. @ Olivier LM : je n'en suis pas persuadé. Je ne vois pas pourquoi le fait de voir la route sur l'écran avec des symboles dessus réglerait le problème. Il va falloir tester...

    RépondreSupprimer

Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

La modération des commentaires est activée 14 jours après la publication du billet, pour éviter les SPAM de plus en plus fréquents sur Blogger.