jeudi 29 juillet 2010

Une utilité positive du soutien scolaire public : la lutte contre les mouvements politiques extrémistes.

Toi qui me connaît bien, cher lecteur, tu sais que j'ai souvent dénoncé, à l'encontre de la majorité, y compris de mes collègues, les dispositifs de soutien scolaire, pour diverses raisons, mais particulièrement parce que je les estime complètement inefficace. N'empêche, il faut bien admettre que les élèves (et les familles, qui poussent beaucoup derrière) ont une forte attente et demandent que des structures se mettent en place.

Elles existaient dans l'Education nationale, dans le passé. On les appelait les "études", qui sont progressivement devenues les "permanences". Avec la réduction des effectifs, il est de moins en moins possible de mettre réellement des personnels qualifiés face aux élèves durant ces périodes. Au début des années 2000, les élèves se tournaient donc vers des structures alternatives. En Seine-Saint-Denis, ce fut rarement vers des boites comme Acadomia. En effet, les cours y sont coûteux et les habitants du coin ne peuvent pas facilement bénéficier des réductions d'impôts, puisqu'ils n'en paient pas... Par contre, de nombreuses associations assument ce rôle, parfois fondées par les communes, mais pas toujours.

Lorsque j'étais gamin, dans ce grand département, le PCF était l'un des principaux pourvoyeurs d'aide scolaire. Lorsqu'il tenait des communes, il fondait lui-même des services qui utilisaient les militants. Les JC jouaient aussi ce rôle. Bien sûr, l'objectif n'était pas uniquement altruiste. Les militants espéraient bien en profiter pour papoter avec les jeunes et les amener progressivement vers le parti. Cependant, son effondrement (même s'il dirige encore plusieurs communes très importantes démographiquement) a amené à la disparition de nombreuses structures, créant de fait un vide...

...que certains se sont empressés d'occuper. Je te rassure, cher lecteur, il ne s'agit pas d'un autre parti. A un moment, certains collègues ont craint que le FN ne tente d'occuper la niche, mais il ne dispose pas des moyens pour le faire, où il n'a tout simplement pas choisi cet axe de développement.

Par contre, nos camarades islamistes, eux, ont tout de suite vu l'intérêt de ce vide. Au début des années 2000, nous avons vu apparaître de nombreuses associations donnant du conseil, pratiquant du coaching et fournissant du soutien scolaire. Ces radicaux bénéficiaient parfois du soutien et des locaux de la mosquée locale si celle-ci était tenue par les islamistes. A cette époque, nous avons vu surgir des discours assez offensifs dans les classes et contre l'institution scolaire. Ce fut très majoritairement vrai lorsque Sarkozy relança la polémique sur le voile. En effet, ces associations militaient envers les jeunes filles pour les convaincre que défendre le port du voile à l'école n'était pas accepter un recul de leurs conditions (c'étaient les profs rouges qui disaient ça ou quelques féministe échevelées) mais au contraire lutter pour leur liberté face à un Etat encore profondément marqué par l'esprit colonial. La loi cassa cette dynamique.

Ces associations, à notre grand dam, bénéficiaient souvent des soutiens financiers des communes locales, tenues par la gauche. Là, bien plus que sur d'autres sujets, les politiciens de gauche, sans doute pour draguer l'électorat local, semblaient vouloir pactiser avec ces encombrants alliés. Il est très difficile, pour nous enseignants, de comprendre comment le PCF en particulier, pourtant marqué par les théories marxistes sur l'usage de la religion en politique, a pu être amené à s'acoquiner avec d'authentiques groupes d'extrême-droite.

Si la mise en place du soutien scolaire par l'Education nationale ne visait pas du tout à cela mais à masquer la dégradation des conditions d'enseignement liée aux suppressions de poste, elle a eu ce bénéfice secondaire de créer un soutien animé par des profs et apparaissant comme bien plus attractif que les soutiens des islamistes. En effet, de nombreux parents n'y avaient recours que contraints par la question financière, et ont apprécié de pouvoir dépolitiser le soutien. Il serait bon que le PCF et le PS reviennent sur cette stratégie et traitent les islamistes, non pas comme de braves gens menant des entreprises de bienfaisance, mais comme d'authentiques militants prônant une idéologie bien éloignée des idées progressistes de la gauche française. De nombreux musulmans de nos communes seraient très satisfaits de voir les barbus privés de financements publics qui les légitiment aux yeux des cités.

Cependant, le problème demeure. Maintenant, les islamistes tentent de développer un soutien scolaire à destination des universités. Il faut dire aussi que le soutien y est très faible et qu'ils profitent encore d'un vide...

5 commentaires:

  1. De mon temps, dans les ninetees, c'était déjà garderie en permanence.

    En tant qu'élève je n'aurais jamais imaginé que ses heures puissent être dédiées au travail.

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  2. oops -> Mal dit. J'aurais trouvé logique que ces heures soit dédiées au travail.

    Mais sans rien de concret de fait pour cela, l'idée parait comique.

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  3. @ Florian : tout dépendait de qui le bahut mettait à la surveillance. Parfois, c'était des étudiants capables d'apporter quelque chose, mais dans la plupart des cas...

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  4. Il faut opter pour des organismes qui sont beaucoup moins chers et largement aussi sérieux...

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  5. @ Professeur à Paris : ou laisser tomber le soutien qui n'a d'autre rôle que de rassurer les angoissés...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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