En haut de l'avenue Gambetta se trouve localisée la célèbre caserne Mortier, juste après la piscine des Tourelles, à proximité de la Porte des Lilas. Cette caserne est réputée pour abriter le siège des services secrets français. Elle est d'ailleurs surveillée par un réseau de caméras de vidéosurveillances très dense. Ce n'est pas le moment de se gratter les trous de nez ! En face, se trouvent quelques immeubles d'habitation, certains datant du début du siècle et un ensemble de tours des années 1970 ou 1980. Là, quelques bancs s'alignent. La présence de ces bancs sur une avenue parisienne est devenue une originalité. Sur la plupart des artères, craignant le stationnement de SDF trop odorants et trop avinés, la municipalité a fait ôter ces lieux de sociabilité qui nous permettaient de nous reposer un peu, pendant une longue marche.
Peu avant le carrefour de Saint-Fargeau, il y a toujours une petite dame qui est assise sur l'un de ces bancs. Parfois, elle se trouve côté Est, et parfois, côté Ouest. Elle est là tout le temps, jusqu'à la tombée de la nuit. C'est une femme en apparence sans âge, mais j'imagine qu'elle doit se situer au-delà de 60 ans. Elle est facilement reconnaissable : une longue chevelure blanche et un tailleur qui doit dater d'il y a au moins 30 ans. Je n'irai pas jusqu'à affirmer que c'est toujours le même, mais presque.
On dirait qu'elle attend. A chaque fois, je me demande quoi. Peut-être un mari ou un amant, disparu, ou qui est allé faire des courses depuis toutes ces années. Peut-être n'attend-elle rien du tout. Peut-être est-elle seule et perdue. Peut-être s'ennuie-t-elle chez elle et aime-t-elle observer la vie de la rue. Peut-être a-t-elle un poivrot à la maison qu'elle fuit dès qu'elle peut. En tout cas, elle semble brisée, cassée.
Les personnes marquées par la vie, ravagées par des épreuves que nous ne soupçonnons pas, me touchent toujours profondément. A chaque fois que je passe à côté d'elle, je pense qu'elle va tenter de m'aborder. Et puis, non. Finalement, non, jamais. Son regard reste dans le vague, regardant vers je ne sais quelle direction.
Demain, je repasse par là. Je sais qu'elle sera encore assise, mais sur quel banc ?
vous voyez, la différence entre la ville et le village est là. Ici, dans mon village, on dit bonjour à celui qu'on croise, surtout si on le voit tous les jours.
RépondreSupprimerC'est intrigant.
RépondreSupprimerPeut être que je finirais par lui parler ?
Souvent, les gens, quand on les regarde vraiment, ils se mettent à parler.
Enfin, rester là jusqu'à la tombée de la nuit, c'est très étrange.
@ La Mère Castor : malheureusement, je vis à Paris.
RépondreSupprimer@ Audine : oui, mais jusqu'à maintenant, pas de communication.
La perte d'un fils ?
RépondreSupprimer@ Aurélien : tiens, je n'avais pas pensé à celle-là. C'est encore plus déprimant que le reste.
RépondreSupprimerTon petit texte pourrait ouvrir un roman de Fred Vargas !
RépondreSupprimer@ Aurélien : malheureusement, je n'ai que peu de talent d'écrivain.
RépondreSupprimerC'est tout ce qui m'inspire ..
RépondreSupprimerParfois, on se demande pourquoi, et puis, on sourit timidement en espérant que la personne fera le premier pas. Sinon, on abandonne.
Je vous comprends parfaitement, et j'espère que vous aurez le courage d'entamer la conversation .. Sinon je veux bien y aller ^^
Janina,
PS: Si vous recherchez le pathétique lisez un de mes articles sur fb. Bon, pas forcément super mais très triste ahaha. Comme quoi il est plus facile d'écrire sur la douleur, à croire qu'en un coup de crayon un texte triste est écrit !
@ Janina : des articles sur Facebook ? C'est censé entre intime, ça, non ? Bon, puisque vous m'y invitez, je vais aller voir....
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