Il faudrait donc, cher lecteur, abandonner une partie de notre souveraineté. Comme me le faisait remarquer un aimable commentateur, c’est la conséquence évidente de ma proposition précédente. Cependant, comment faire autrement ?
Cette question de la souveraineté se pose uniquement parce que le système qui s’est construit s’est mis en place en dehors des peuples, selon des modalités complexes. Au départ, les gouvernants se sont intéressés particulièrement à l’économie, estimant que la réussite d’une Europe économique permettrait son ancrage. Ils s’étaient appuyés sur l’échec de la CED, qui devait mutualiser nos armées. De plus, il s’agissait aussi, ne l’oublions pas, d’éviter une nouvelle guerre (attention à la pauvreté) et de montrer la réussite de notre continent face au bloc soviétique.
La disparition de l’URSS a réduit cet impératif, mais les crises économiques successives et le sentiment général dans les pays de l’Ouest de dégradation de nos économies n’ont pas aidé à construire un esprit européen chez nos concitoyens. Avec les échecs très récents de la gestion de la crise actuelle, ce sentiment n’a pu qu’être confirmé.
Pour développer un sentiment européen, il faudrait donc deux choses fondamentales :
- Faire prendre conscience à nos concitoyens que nous partageons avec nos voisins des intérêts communs. Ces intérêts peuvent être repérés au niveau de la défense, de la politique économique, des politiques de développement, des politiques agricole.
- Permettre à l’ensemble de nos concitoyens d’avoir un impact démocratique sur ces domaines. Aujourd’hui, les décisions sont prises de différentes manières. Le parlement n’a pas encore la décision finale sur de nombreux domaines. La participation des citoyens reste très majoritairement faible, et cela doit changer, pour que la souveraineté du peuple ne soit pas un vain mot.
Là, il faut reconnaître que nos gouvernements, en chargeant systématiquement l’Europe de tous les maux, ont joué nettement en sa défaveur et ont participé à la dégradation de l’image de l’Union. Cependant, le processus me semble éventé maintenant, et je pense que nous avons tout de même pris conscience de l'importance du poids des gouvernements sur l'Union. La présidence de Nicolas Sarkozy a bien montré que les chefs d'Etat jouaient un grand rôle dans le fonctionnement de nos institutions.
Cela ne sera donc pas un retrait de souveraineté si nous avons conscience que nous conservons notre souveraineté au niveau de l’Union. Pour cela, il nous faudra des institutions qui permettent cette opération.
J’y reviendrai dans un prochain billet.
Je n'aime pas discuter histoire géo avec un professionnel de la profession...
RépondreSupprimerTu as bien sûr raison sur le fond : JE me fous totalement de savoir qui décide de la vitesse maximum sur les autoroutes voire qui assure ma sécurité...
Par contre, sur un aspect "technique" (voire morale), on ne peut pas accepter un changement de souveraineté des peuples sans un accord des peuples eux-mêmes.
Par ailleurs, on touche à la notion hyper vach'ment délicate de nation...
Enfin, en marge de ce dossier, on ne peut pas évoquer cette notion de souveraineté sans évoquer la problématique de la Turquie : si elle intègre l'Europe, elle aura nécessairement un fort poids décisionnaire vue qu'elle est "très peuplée" (le prof de géo me confirmera ou pas mais ça doit être du même ordre que l'Allemagne, dans les 80 millions de gugusses). Donc l'intégration de la Turquie (je n'ai pas dit que j'étais contre, ce n'est pas le débat) nous fera perdre encore plus de souveraineté (ce qui n'est pas grave) mais les braves gens avec qui nous partagerons cette souveraineté seront "un peu moins comme nous" aux yeux de beaucoup.
Or Nicolas Sarkozy entretient une ambiguïté sur l'adhésion de la Turquie. Au niveau Européen, il favorise le processus de décision mais n'est pas du tout clair en France (souvent officiellement contre, il fait néanmoins modifier la constitution en enlevant l'article - totalement con, je lui ai donné raison - qui exigeait un referendum pour intégrer de nouveaux pays)...
Putain ! Faut que j'arrête de faire des commentaires plus longs que les billets... Y'a que je chez toi, ou presque, que je fais ça. Tes billets doivent m'inspirer !
RépondreSupprimerBen nous on t'inspire pas vraiment alors...
RépondreSupprimerJe suis un parfait candidat parce que je me fous totalement de l'Europe, aucun rêve, aucun avis sur la question... Y'en a beaucoup trop des comme moi et je ne vois pas cela changer...
@ Nicolas : merci pour tes longs commentaires qui enrichissent mes billets.
RépondreSupprimerJe sais bien que les peuples doivent l'accepter, mais il faut convaincre. Je suis assez pour que quelques peuples motivés partent devant, histoire de convaincre les autres de s'y mettre ensuite.
D'accord la nation, mais c'est bien le fond du débat.
J'ai fait un billet sur la Turquie il y a quelques temps. Pour moi, l'important est que nous partagions les mêmes objectifs que les Turcs. Je suis sûr qu'on trouverait plus d'objectifs communs avec eux qu'avec les Britanniques. Évidemment, cela reste à démontrer, mais mérite d'être essayé.
Pour le nombre d'habitants de la Porte, tu as raison.
@ Manuel : tu pourrais quand même y mettre un peu du tien. Tu n'es pas vraiment motivé non plus.