mardi 20 octobre 2009

Les syndicats enseignants bougent, et nous allons progressivement vers le conflit.

Depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir, les syndicats de l'éducation s'étaient structurés dans une stratégie d'action collective. Ils s'étaient réunis avec de nombreuses associations, dont la FCPE et les syndicats lycéens, dans le collectif « une école, un pays, notre avenir », qui avait obtenu quelques beaux succès l'an dernier, en parvenant à faire reculer le président de la République sur la réforme des lycées. Ensuite, les syndicats avaient rallié la grande stratégie de la CGT et de la CFDT de manifestation importante mais ponctuelle, en janvier 2009.

Progressivement, cette stratégie a fait long feu, avec son dernier avatar du 7 octobre. De leur côté, les syndicats enseignants n'ont plus réussi à créer de dynamiques propres. Parmi eux, le SNES est resté relativement apathique. Il a ignoré les grandes mobilisations des universités et a fini par semer le trouble dans les salles des profs en laissant passer le principe de la masterisation du recrutement des enseignants, provoquant de nombreux débats sur l'intelligence de ce positionnement idéologique. Depuis, les décrets de mise en œuvre de ce principe ne cessent de paraître et risquent bien de marquer une nette dégradation des conditions de travail des professeurs.

Depuis la rentrée, les syndicats semblaient dans l'attente. L'intersyndicale continuait à se réunir, sous l'impulsion du SNES, mais sans parvenir à prendre des décisions cohérentes. Deux pôles se distinguaient :

  • Le SGEN-CFDT, la FAEN et le SE-UNSA poussaient à l'inaction, préférant attendre les annonces du gouvernement sur la suite des réformes, et espérant que des dynamiques renaissent d'elles-mêmes chez les collègues.

  • La CGT et SUD-Éducation s'enfermaient dans des discours très offensifs sans aucune réalité chez les enseignants, et risquant de n'aboutir à rien.

  • Entre ces deux pôles, le SNES tentait d'obtenir une journée d'action collective, voire une semaine d'action, sans parvenir à l'emporter. Il restait donc inactif.

Et puis, il y a quelques jours, il y a eu un événement. Traditionnellement, les intersyndicales ne font pas de compte-rendu de réunion mais publient des communiqués communs. Là, le SNES a publié un compte-rendu indiquant les avis de chacun et obligeant les autres syndicats à se positionner. Ce compte-rendu se montre assez offensif et plutôt dans une direction de conflit à l'égard du gouvernement.

Cela signifie deux choses :

  • Tout d'abord, l'intersyndicale de l'Éducation semble avoir vécue. Elle ne devrait pas tarder à exploser si le principal syndicat enseignant ne la soutient plus.

  • Ensuite, le SNES va sans doute se relancer dans la dynamique de conflit, entraînant toutes les autres organisations avec lui. En effet, les autres syndicats sont tellement faibles qu'ils ne peuvent prendre le risque de voir le SNES réussir une grève sans eux. De plus, la FSU, confédération dont le SNES fait partie, risque bien de suivre, car cela s'agite dans le primaire...

En clair, on entre dans une période de conflit. Peut-être que cette analyse est fausse, mais nous le saurons, cher lecteur, très rapidement...

6 commentaires:

  1. Conflit, oui sans doute comme de façon régulière et récurrente dans le monde enseignant, stratégies syndicales à l'appui... Rien de révolutionnaire. Le problème étant que les syndicats enseignants passent leur temps à défendre des principes généraux sur le système éducatif parfois en contradiction avec les intérêts des enseignants. j'avais pondu un billet là dessus il y a longtemps : http://polluxe.wordpress.com/2007/01/21/les-profs-a-la-rue/

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  2. @ Polluxe : ton analyse est discutable. Pendant longtemps, les enseignants ont soutenu ce choix des syndicats. Cela n'a changé que très lentement, à cause de l'impact de la baisse de la valeur du point. Il faut bien comprendre que le salaire ne fait pas tout : de bonnes conditions de travail peuvent aussi être satisfaisantes.

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  3. Oui mais pourquoi renoncer à l'un pour avoir l'autre ? C'était là le fond de l'étude que je citais dans mon billet.

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  4. @ Polluxe : parce que c'était l'un ou l'autre, pas les deux.

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  5. C'est tout le problème... Et on ne peut pas dire que pour autant les conditions de travail se sont améliorées ; en fait c'est ni l'un ni l'autre, ça s'appelle se faire avoir ;-)

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  6. @ Polluxe : la dégradation des conditions de travail est tout de même assez récente. Elle a commencé en 2002 en fait. Ce qui est sûr, c'est que nous n'arrivons plus à améliorer les choses depuis.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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