jeudi 15 janvier 2009

Les privilégiés soutiennent Rachida Dati !

Je sais, cher lecteur, que c’est assez rare, mais je voudrais participer avec toi aujourd’hui à une polémique qui a beaucoup occupé les médias la semaine dernière : la naissance de la fille de Rachida Dati et la reprise rapide, suite à une césarienne, de son activité ministérielle.

De nombreux billets ont été écrits à ce sujet par les blogueurs, et la presse nationale s’est aussi largement fait l’écho de cette polémique.

Rachida Dati a été assez pourchassée depuis qu’elle est enceinte. Authueil rappelait justement que, si la ministre avait assez largement utilisé les médias au début de sa mission dans un but People, elle s’était, depuis 9 mois, fait assez discrète. Très vite, la polémique est apparue sur le nom du père, mettant en avant toute une série d’hommes politiques plus ou moins importants. Et puis, la ministre a accouché, avec une césarienne, et a ensuite repris son travail cinq jours plus tard, déclenchant une nouvelle polémique. Cette fois, il s’agissait de dénoncer le mauvais exemple donné aux employeurs ou l’absence de sentiment maternel de la part de la ministre.

Très bizarrement, à l’exception notable de Ségolène Royal, la gauche s’est plutôt placée en position critique, et certains politiques de droite, espérant sans doute abattre la ministre à ce moment-là, se sont largement jetés dans cette vague de critiques (souvenez-vous des propositions délirantes de Valérie Pécresse).

« Qu’est-ce qu’on en a à foutre ?», se demandait ici mon camarade Manuel. A priori, pas grand-chose. Tout cela ressemble bien à de la basse politique politicienne à laquelle on aimerait bien échapper, moi compris.

Cependant, il y a un côté nauséabond, dans tout cela, qui pique un peu ma curiosité. Lorsque la nouvelle de la grossesse de Rachida s’est diffusée, la question du père s’est posée de suite, comme s’il était impossible à une femme d’envisager faire un enfant sans la présence charnelle et officielle d’un homme. Le fait que de nombreux hommes politiques laissent carrément l’éducation de leurs propres enfants à leurs femmes, voire à des emplois-services, ne semble pas perturber outre mesure nos polémistes. Dati fait un enfant, mais sans homme. Pourquoi pas ? Cet aspect est devenu encore plus puant lorsqu’on a suggéré que la ministre avait fait appel à une insémination artificielle, poussant le vice jusqu’à se passer du coït pour procréer. Un véritable symbole d’immoralité !

Puis vint la seconde étape, concernant le congé-maternité. Loin de moi l’idée de remettre en cause ce congé, qui doit absolument être défendu, et je dirais même plus largement étendu aux hommes. Ce droit permet à tous, quel que soit son milieu social, de pouvoir faire un enfant dans les meilleurs conditions possibles. Cependant, Rachida Dati n’est pas une salariée comme les autres : c’est une ministre de la République. Par définition, elle ne peut pas prendre un congé-maternité normal, ou bien alors, elle démissionne. L’État doit appliquer la continuité de son service aux postes de direction. La ministre s’est soumise à ce principe, ce qu’on peut éventuellement déplorer, mais de là à en faire une affaire d’État…

Alors, pourquoi ce délire politico-médiatique ? A mon sens, il s’agit d’un problème nettement plus profond. Ce que l’on reproche à Dati, c’est de ne pas se soumettre au stéréotype de la mère traditionnelle. Une femme normale, répondant aux schémas dominants, éprouvant son impérieux sentiment maternel, se serait forcément arrêtée. Là, cette femme, presque masculine, qui fait passer sa carrière politique (qui sera forcément courte) avant son enfant (qu’elle a sans doute sur le dos pour les 25 prochaines années), devient scandaleuse. Elle transgresse nos schémas machistes de la femme-mère, et là, malheureusement, nombreux sont ceux qui sont prêts à défendre la domination de l’homme sur la vie politique, sur le travail, sur tout finalement.

J’attendais de mes concitoyens une plus grande acceptation de la libération des femmes. Malheureusement, cette polé-nique nous montre encore qu’il reste un gros boulot à faire. Je ne dis pas que c’est facile. Comme tout homme, je suis moi-même pris dans les schémas machos. Mais quand on en prend conscience, il est quand même bon de s’en indigner.

Dommage que les membres de la gauche n’aient pas tous pris conscience de cela. Ségolène a certes été totalement maladroite dans son intervention, mais pour une fois, je trouve que la logique des valeurs était plutôt de son côté.

Franchement, si on veut critiquer Dati, cher lecteur, je pense que sa politique judiciaire suffit amplement à tout opposant au sarkozysme. Au lieu de donner des armes aux réactionnaires, battons-nous un peu sur de vraies questions.

8 commentaires:

  1. Ta dernière phrase résume tout...

    Finalement, ces attaques (prétextant finassement la remise en cause du droit des femmes) sont tout ce qu'il y a de plus mysogines.

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  2. Pour une fois, j'ai attaqué direct par les commentaires qui m'ont incité à me contenter de la dernière phrase. Merci Mister D. !

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  3. pff cette dati ne set à rien. Elle se dit femme musulmane et appelle sa fille "fatima"-zohra, elle fait un enfant sans se marier et dont on ne sais toujours pas avec qui elle l'a fait. Sa mère est (d'après la chaîne de télévision marocaine Al Maghribya) dans un état déplorable , dit que sa fille s'est perdue en France et dit aussi qu'elle a du mal à la tolérer.... Faut pas non plus exagérer quant meme!! Cookies

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  4. J'ai fait comme Mtislav, la flemme... désolé Mathieu. Très bien, cette dernière phrase en tout cas.

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  5. En même temps il faut bien donner matière à discuter aux cons. Tu crois que les gens préfèrent parler de ça, ou des orientations en matière d'éducation ?

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  6. Ma fois, je n'avais pas accordé d'attention particulière à cette histoire, mais ce que tu dis me semble sage. L'opinion publique est conventionnelle, dommage que les médias encouragent si facilement ce travers…

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  7. @ Dorham : totalement misogyne...

    @ Audine : de rien !

    @ Mtislav : fainéant !

    @ Cookies : je trouve ton commentaire HS. On se fiche de la manière dont elle traite sa mère. Ce sont les principes qui comptent ici, cette affaire n'est qu'un prétexte.

    @ Manuel : Feignasse !

    @ Rubin : il faut savoir satisfaire son public, mais les orientations sur l'éducation m'ont quand même amené quelques visiteurs, à ma grande surprise.

    @ LCC : les médias brossent le public dans le sens du poil.

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