vendredi 17 octobre 2008

Le 19 octobre, la France est dans la rue pour défendre l'éducation.

Il va se dérouler, cher lecteur, une petite scène assez inhabituelle ce dimanche. A l'appel d'une cinquantaine d'organisations (syndicats, associations de parents, syndicats lycéens, associations professionnelles, syndicats étudiants), les Français sont appelés à manifester pour dénoncer l'abandon dont souffre aujourd'hui l'école publique. En effet, le gouvernement, dans son budget 2009, annonce la suppression de 13 500 postes supplémentaires, et toute une série de réformes qui remettent en cause le fonctionnement de notre administration.

Parmi ces réformes annoncées, celle qui angoisse le plus les enseignants est la réforme des lycées. Darcos a engagé des discussions avec les grands syndicats de l'Éducation nationale qui ont abouti à un grand vide. D'un autre côté, des fuites régulières ont été orchestrées dans la presse, le Journal du Dimanche ayant annoncé il y a deux semaines une réforme totalement délirante, loin de ce que le représentant du ministre, Jean-Paul de Gaudemar, recteur d'Aix-Marseille, avait expliqué aux représentants syndicaux. Dans cette réforme, se trouve contenue une remise en cause du baccalauréat comme diplôme commun, national et anonyme, comme à chaque fois qu'un gouvernement de droite essaie de réformer le système secondaire. Darcos vient d'annoncer que l'annonce de la réforme réelle se fera la semaine prochaine.

En attendant, le ministère continue de supprimer des postes régulièrement, pour économiser des miettes. Au total, cette suppression réduit les dépenses de l'État de 750 millions d'euros, soit moins d'un milliard d'euros. Il faut comparer cela aux 40 milliards qui viennent d'être injectés dans les banques. On va me dire qu'on récupérera cette argent plus tard. Je te propose donc juste de relier ce chiffre aux 15 milliards de la loi TEPA par exemple ou au déficit de l'État ou de la Sécurité Sociale. Alors que cette loi n'a eu aucun impact sur l'économie, je reste persuadé que ces 750 millions d'euros auraient une utilité bien plus grande dans l'Éducation nationale.


Cette manifestation fait suite à un mouvement de grève le 7 octobre des enseignants qui avait mobilisé 30% des profs du secondaire sur les mêmes revendications. Hier, les profs du primaire de Paris ont fait grève pour protester contre l'application bête et méchante des réformes.


Pourquoi manifester un dimanche, cher lecteur ? Il y a, à mon avis, trois raisons principales :
  • Il s'agit d'abord de permettre à l'ensemble des provinciaux de monter à Paris plus facilement. Il s'agit d'une manifestation nationale.
  • Il s'agit ensuite de mobiliser des enseignants qui se refusent à faire grève, mais aussi de montrer à la population que nous ne manifestons pas uniquement pour sécher nos cours.
  • Il s'agit enfin de permettre à l'ensemble des Français qui ne travaillent pas encore le dimanche (avant que la réforme du droit du travail passe) de venir soutenir l'Éducation nationale et défendre une vision égalitaire et républicaine de l'école.

Je suppose qu'il y aura encore quelques libéraux pour venir me dire que je vais l'empêcher de se balader tranquillement dans Paris dimanche après-midi. Tant pis pour eux !

Alors, cher lecteur, si tu veux venir nous soutenir et rencontrer les gens qui travaillent dans l'Éducation, ceux qui y sont éduqués et leurs parents, discuter avec nous, échanger et comprendre ce qui se passe chez nous, ou si tu es un habitant de province par hasard à Paris, rendez-vous à partir de 13h30 à Paris, Place d'Italie, pour une manifestation nationale qui s'étendra jusqu'à Bastille.

Et si tu penses que nous manifestons sans aucune bonne raison et que nous avons tort, viens quand même discuter avec nous. Même si tu ne changes pas d'avis, tu pourras au moins y apprendre des choses.

4 commentaires:

  1. As-tu reçu ce sondage IFOP :
    "La manifestation du 19 octobre, note l'IFOP, recueille une sympathie des
    Français presque aussi forte que le mouvement des pêcheurs au printemps
    dernier (71%), et supérieure aux principaux mouvements sociaux des dernières
    années."
    A l'AG de jeudi dernier pour les professeurs des écoles, certains étaient contre la manif du dimanche. Je comprends cela, mais je crois qu'avec la mainmise du gouvernement sur les médias, il nous faut absolument un mode de contestation populaire aux yeux de tous. Tant pis si cela passe par nos jours de congé.

    Pour dimanche, il me semblait que le départ était prévu à 13h ?

    J'y serai, même si hélas je devrai m'éclipser tôt pour cause de scène (je joue au théâtre à 17h).

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  2. @ MGP : vive L'IFOP !!!

    Le départ est à partir de 13h00, mais comme c'est une manif nationale, les Parigots vont partir en dernier...

    Je ne sais pas vraiment si cela nous rendra davantage populaire. Cela va dépendre du traitement médiatique.

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  3. Outch, j'espère pas ! Quand tu vois qui tire les ficelles des médias de masse...
    Quand à l'IFOP, il ne révèle pas que d'heureuses surprises (cf. l'opinion très favorable des français à la mise en place de cette fumisterie de soutien en primaire, qu'on utilise pour supprimer le rased), mais bon c'est un autre sujet.

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  4. @ MGP : tu sais, en lycée, cela va être pareil. Quand Darcos va annoncer la réduction des heures, les Français vont dire que c'est génial que leurs chères têtes blondes aient moins d'heures de cours.

    En soit, cela se conçoit, mais cela dépend pour quoi faire aussi.

    Un autre débat en effet. Il faudrait en faire quelques billets.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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