dimanche 4 avril 2010

Au marché, on nous prend pour des poires.

"Tenez, j'ai des poires nouvelle récolte !"

C'est ainsi que ce matin, mon marchand de fruits me répondît lorsque je lui demandais quelle sorte de poire il avait sur son étal. Attention, cher lecteur, contrairement à ce que certains habitués de ces pages pourraient croire, il s'agit bien de poire sous forme de fruit, et non sous forme de boisson distillée mais tout à fait agréable par ailleurs.

Je fus dominé par l'inquiétude ! Voilà que notre pays parvenait à faire mûrir des poires fin mars-début avril. Les merveilles de l'agriculture française n'étaient plus à démontrer. Je me demandais juste de quelle technique merveilleuse nous usions pour parvenir à ce miracle.

Mon marchand brisa mes rêves : "Ah, non, elles ne viennent pas de France, celles-là, mais d'Afrique du Sud. Par contre, si vous le voulez, j'ai de la conférence qui vient de France, elle, mais c'est de la récolte de l'automne dernier."

En tant que bon gauchiste, je suis un militant de la consommation en lien avec les cycles de production agricole. Il est en effet beaucoup plus cohérent, pour protéger l'environnement et pour profiter des prix les plus bas, d'acheter des fruits de saison. Certes, la saison des poires est maintenant assez lointaine, mais il en reste parfois sur les étals. Je me demande bien d'ailleurs comment l'on conserve ces fruits : j'imagine que le bon vieux garde-manger sombre et sec des campagnes pour les pommes est largement oublié.

Or, les marchands contournent cette opposition par deux stratagèmes. Soit on tente de nous fournir des fruits qui ne sont pas de saison mais qui viennent du territoire français ou, au mieux, d'Espagne ou des Pays-Bas. Ce fut le cas cette année pour les fraises, qui sont restées présentes sur tous les étals depuis le mois de mai dernier. Soit on essaie de vous vendre des produits de nouvelle récolte, mais venant de loin, étant censés avoir tout de même une meilleure qualité gustative. Après tout, ces poires sont de saison... en Afrique du Sud.

Finalement, j'ai acheté des poires françaises de l'automne dernier. Cependant, cette lutte semble perdue d'avance. De plus en plus, on se rend compte que nos concitoyens nous servent et utilisent allègrement dans leurs cuisines des fruits frais mais produits selon ces méthodes. Cette perte d'habitude des cycles saisonniers ne peut être que nuisible à l'environnement, soit par les méthodes de production utilisées, soit par les dépenses énergétiques des transports.

Pourquoi ce discours réactionnaire, cher lecteur ? J'ai le souvenir, lorsque j'étais gamin, des fruits et légumes du jardin de mes grands-parents. Certes, pendant une période, on avalait des quantités astronomiques des fruits de la saison et cela pouvait devenir lassant, mais ils étaient bons, bien meilleurs que tous les fruits hors-saison du marché. Les fruits de saison du commerce gardent d'ailleurs un bien meilleur goût. Dommage qu'on perde cela...

16 commentaires:

  1. Annick Olivier5 avril 2010 à 08:40

    Je crois, au contraire que tes idées sur les
    fruits de saison sont de plus en plus répandues.
    Ce sera très long mais je pense que nous sommes
    sur la bonne voie.
    Beaucoup d'associations militent en ce sens et
    il faut en parler aux enfants.

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  2. (voix de Jean-Pierre Coffe)
    Mais c'est de la meeeeerdddeeeee ! Bien sûr qu'il ne faut acheter que de saiiisoonnnnn !

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  3. @ Annick : je n'en ai pas vraiment l'impression, en tout cas chez les gens de ma génération.

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  4. @ LCDM : oui, je sais, là-dessus, je suis un vieux réac.

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  5. @ annie , et mathieu l ...
    je sais pas de quelle génération on cause, mais je vois autour de moi des gens de toutes générations acheter de la "tomate" coeur de boeuf "saveo" en janvier, comme en aout ... et dans un coin ou tu trouves, l'été , des vraies coeur de boeuf de plein champ, pour moitié prix, sur le marché ...
    J'ai acheté la semaine derniére des gariguettes en primeur , sous tunnel bien sur, manquant un peu de sucre, mais au vrai gout de fraise , et pour moins cher que celles que la majorité de mes con-citoyens achetaient , insipides, en super market ....

    bon, fallait se lever le samedi matin pour aller au marché ...

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  6. @ Lou Passejaire : perso, je suis dans la trentaine.

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  7. Pourtant, il y a une AMAP aux Lilas :-)
    http://www.lacourgettesolidaire.asso.fr/index.php

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  8. @Nico93 : ah, je savais pas. Je vais aller regarder ça.

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  9. Non seulement acheter fruits et légumes de saison, mais aussi, autant que possible, acheter directement au producteur, bio de préférence. On y gagne sur trois plans: le goût; le prix, et la satisfaction "morale' de ne pas enrichir les carrouf et autres exploiteurs. En attendant, pour les régions qui sont éloignées des lieux de production, l'arrivée sur le marché de revendeurs "éthiques".

    En effet (et hélas) la majorité des gens ne raisonne pas encore ainsi, les fraises et les tomates en plastique ont encore une clientèle fournie. Pourtant c'est une tendance qui monte.

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  10. Des poires qui se conservent d'une année sur l'autre ??? Ça existe ? Ils le vendent, ça ?

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  11. daniel.Et bien ,moi, je viens de terminer mes pommes que j'avais mises à la cave en octobre dernier.Il me reste des poires en conserve et quelques bocaux d'oreillons de pêches;sans parler des myrtilles récoltées en juillet dernier.J'ai le temps d'attendre les fruits de saison!Par ailleurs je boycote sytématiquement les poires du Chili,le raisin d'Afrique du sud,les crevettes du Pérou et autres produits qui font des km et qui ne sont ,en général,pas bien fameux.

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  12. @ Cultive ton jardin : eh oui, cela me semble être la tendance actuelle.

    @ Didier : on m'a vendu dimanche des poires de France. J'admets que j'aimerais bien savoir comment on les conserve pendant six mois.

    @ Daniel : vous êtes courageux par rapport à nos contemporains.

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  13. Si on peut cultiver soit-même ses fruits et légumes, on est sûr que c'est bio et on fait de sacrée économies !
    En particulier, les fraises et les framboises (très chères de toute façon) poussent toutes seules et en abondance, sans occuper trop de place.
    Quand les récoltes sont trop importantes, on peut facilement faires des conserves, des confitures ou du stockage au congélateur !

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  14. @ Thierry : malheureusement, cette option est fermée aux urbains.

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  15. "En tant que bon gauchiste, je suis un militant de la consommation en lien avec les cycles de production agricole."

    je m'inscrit en faux : on peux ne pas être gauchiste et manger de saison, bio... etc ;-)

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  16. @ Polluxe : je ne suis pas un gauchiste transgénique...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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