mardi 7 avril 2009

L'UNESCO nous rappelle quelques évidences sur l'éducation, et cela fait du bien.

En cette période agitée dans notre petit milieu blogosphérique politique, je voudrais attirer ton attention, cher lecteur, sur le volumineux rapport que vient de publier l'UNESCO à propose de l'Education pour tous.

Ce rapport, intutilé Vaincre l'inégalité : l'importance de la gouvernance, vise à faire le bilan des engagements pris par les Etats lors de la conférence de Dakar, en 2000. A ce moment-là, les membres de l'UNESCO avaient pris engagement d'assurer à tous les enfants une éducation primaire de qualité et à faire considérablement progresser l'éducation secondaire dans l'ensemble des pays.

Le rapport commence sur une note positive : depuis 2000, le niveau des enfants s'élève rapidement, particulièrement dans les pays pauvres. Cependant, l'UNESCO, du fait de la crise et de la diminution des investissements, semble considérer que les objectifs ne seront pas atteints en 2015, comme envisagés par les Etats à Dakar. De même, le rapport souligne l'écart énorme entre les pays développés et les pays en développement, malgré les importants efforts effectués par ceux-ci.

Sur la France, le rapport rappelle quelques évidences qui sortent du catastrophisme ambiant. Par exemple, l'UNESCO nous signale que 3,1 millions de personnes, entre 18 et 65 ans (la population active en clair) connaissent des problèmes d'analphabétisme en 2004-2005. Ce chiffre est énorme, et laisse à penser que le système est en échec permanent. Pourtant, il faut se pencher sur la structure par âge. En effet, l'étude constate que 14% des adultes de 46 à 65 ans ont des difficultés, alors qu'ils ne sont que 5% chez les Français de 18 à 35 ans. Il y a donc un réel progrès, même si l'étude reconnaît que les hommes maintiennent leur retard sur les femmes (59% des analphabètes sont des hommes). On peut donc en conclure que le système éducatif a globalement progressé dans ces résultats à l'école primaire, et faire le deuil de l'école ancienne version. C'est plutôt une bonne nouvelle, même si je considère, personnellement, que ces 5% de Français analphabètes représentent le défi de notre système éducatif.

Un autre constat m'a intéressé. Le rapport s'interroge sur les dons des grands pays aux pays pauvres pour l'éducation. Le rapport souligne que la France, en consacrant son aide au maintien des établissements français à l'étranger, oublie de soutenir les systèmes éducatifs des pays pauvres eux-mêmes. Voilà une question intéressante qui mériterait débat : j'y reviendrai.

Une dernière chose pour nos amis qui râlent contre les dépenses éducatives : le rapport confirme que les résultats scolaires d'une génération, statistiquement, sont de plus en plus positifs si l'investissement augmente (en $/élève). Voilà une notion importante pour ceux qui considèrent que la question des moyens est accessoire. Evidemment, reste à savoir comment on utilise ces moyens, et c'est là le sens des débats que doit se poser en ce moment, en tout cas je l'espère, la commission Descoings.

4 commentaires:

  1. Il semble bien que la France consacre un budget important pour chaque élève dans le secondaire (peut-être insuffisant dans le primaire, là où tout se joue ?). Et vu le moral des enseignants, qui se sentent dévalorisés et maltraités, il y a donc bien un problème d'organisation.

    Il n'est pas raisonnable de demander plus de moyen tant que l'architecture bureaucratique de l'EdNat ne permet pas de mieux valoriser le talent et le travail des enseignants. Cela passera par une rupture dans la centralisation actuelle.

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  2. @ Aurélien : je n'ai jamais dit qu'il fallait augmenter les budgets. J'ai juste dit qu'on ne pouvait pas dire qu'on pouvait faire aussi bien avec un baisse : les stats de l'UNESCO le démontrent.

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  3. @ Mathieu
    Cela dit, les questions d'analphabétisme et illettrisme sont à prendre avec d'infinies précautions. Aucune définition consensuelle de ces concepts n'a jamais été proposée et l'usage politique qui en a été fait a souvent été des plus ambigus (voir sur la question B. Lahire, L'Invention de l'illettrisme)

    @ Aurélien
    En l'occurrence, il ne s'agit pas de demander plus de moyens, mais de conserver ceux qu'on a. Les suppressions de postes ont des effets très concrets par exemple sur le sentiment de sécurité et d'insécurité dans les établissements et donc le bien-être de ce qui y travaillent ou y apprennent.

    D'accord sur la nécessité de repenser l'organisation, mais certainement pas dans des termes de décentralisation, qui ne revient qu'à donner le pouvoir à des petits chefs.

    Il faudrait plutôt regarder du côté du collège unique qui, en ZEP, conduit à mélanger 40% d'élèves ayant des problèmes sérieux avec la lecture (moyenne nationale 10%) avec les autres, ce qui revient à couler les 2 catégories d'élèves.

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  4. @ Etiam : tiens, je ne m'étais pas posé cette question. Je vais aller chercher comment l'ONU définit l'analphabétisme, et j'actualiserais le billet si besoin.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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