mardi 23 juin 2009

Demain, j’ai un nouveau patron !

Un changement de gouvernement, cher lecteur, est sans doute pour toi quelque chose de très lointain. Après tout, on n'est pas au contact de l'administration très souvent, et si on s'intéresse peu à la politique, ce n'est pas un nouveau ministre qui va te changer la vie.

Pour les fonctionnaires, le sujet est plus sensible. En effet, un ministre est une sorte de patron. Certes, il est très lointain et on ne le rencontre jamais. Déjà qu'on ne voit le recteur qu'une fois tous les trois ans, alors, un ministre… Je ne suis pas un employé d'une PME qui supporte tous les jours son employeur, ou un fonctionnaire territorial qui voit passer le maire devant son bureau chaque matin. Pour nous, le patron est le représentant de l'État sur place. Dans mon lycée dit difficile, il s'agit du proviseur, qui, pour beaucoup d'enseignants, devient l'incarnation du ministre, qu'on soit en accord ou en désaccord avec lui. En réalité, les chefs d'établissement sont davantage des fusibles qui encaissent à la fois les pressions du recteur et de l'inspecteur d'académie et les contestations des enseignants, sans oublier les parents et les élèves…

D'une certaine manière, lorsqu'un ministre change, on a un nouveau chef. Et souvent, pour nous, arrive de suite un nouveau cycle de réforme, totalement contradictoire avec le précédent. Les politiques sont comme cela : ils s'imaginent pouvoir transformer radicalement l'Éducation nationale et faire enfin la réforme. Ils essaient, et disparaissent ensuite. Jusqu'à ce jour, je n'ai connu que Jack Lang qui fut ministre sans espérer changer quoi que ce soit.

On se demande donc à chaque fois à quelle école idéologique et à quelle école pédagogique appartient le futur ministre. Cela provoque toujours des réactions variées en salle des profs, et de l'inquiétude. En plus, en ce moment, comme on est en surveillance de bac, on n'a rien de mieux à faire que de se poser ce genre de questions.

Or, depuis plusieurs mois, il était évident que nous ne garderions pas notre ministre. Xavier Darcos s'échinait à quitter ce ministère qu'il avait pourtant tellement souhaité obtenir. Son sort fut scellé à la fin de l'année dernière, lorsqu'il recula sur la réforme du lycée. Pourtant, la semaine dernière, un bruit courait dans les établissements qu'il resterait en place, et on imaginait tous sa tête… Bon, apparemment, il va aller aux affaires sociales, ce qui augure bien des futures relations entre syndicats et gouvernement.

On a eu aussi les annonces de Nadine Morano, très intéressée par le poste. Cette hypothèse déclenchait l'hilarité et/ou agaçait les salles des profs. Seuls les représentants syndicaux s'en satisfaisaient vraiment : « avec elle, on réussirait rapidement à remplir nos AG, un peu déserte en ce moment… »

Il y a deux semaines, les médias ont évoqué le nom de Nathalie Kosciusko-Morizet. A l'évidence, elle ne connaissait rien à l'éducation, et nous en conclûmes que Nicolas Sarkozy dirigerait directement ce ministère, mettant en avant une ministre avenante pour faire passer ses suppressions de postes.

Les choses se précisent finalement, après le Congrès d'hier : ce serait Luc Chatel qui hériterait du boulet. A ma connaissance, l'ancien salarié de l'Oréal ne connaît pas le Ministère de l'Éducation. Cela signifie donc que Sarkozy pilotera en temps réel l'action de ce ministre (je te rappelle, cher lecteur, qu'il gère quand même le premier budget de l'État). Cela signifie aussi qu'aucun poids lourd de la droite et qu'aucun homme politique de gauche cherchant un poste n'a accepté de se frotter à l'éducation.

On voit bien que ce ministère est vraiment le bâton merdeux de la droite…

10 commentaires:

  1. @ Abadinte : la gauche est scandaleusement absente de ce terrain depuis 1989.

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  2. Avec la fabuleuse réussite de la loi Jospin de 1989, on ne peut que regretter cette absence de la gauche.

    A part ça, concernant l'avenir du ministère de l'éducation, si l'on en croit le contenu du discours de N.Sarkozy ce sera une sorte de changement dans la continuité...

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  3. @ Oaz : ou la continuité dans le changement...

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  4. Franchement qu'est ce qui a réellement changé dans tes pratique avec les successions de ministres, ça fait que 3 ans que j'enseigne et ce n'est que mon second changement de ministre (si je ne me trompe pas) mais dans ma classe ça ne se sent pas réellement, je fais bougé mes cours de façons à ce qu'ils soient meilleurs mais pas dans le but de coller à une politique ministérielle (qui entre nous soit dit ne s'intéresse que très peu à la pédagogie).
    Nous ne somme pas loin du commun des français face aux remaniement ministériels, cependant je pense que comme tu le dit, le professeur aime se prendre la tête (j'ai failli parler de masturbation cérébrale mais je ne vais pas le dire, c'est un peu trop scabreux) alors oui on fait des plans sur la commette, on se dit que "forcement ça vient d'un tel ça ne sera pas bien" ou alors (et là désolé) "Comme c'est Chatel ce sera le président qui fera tout" Moi je n'y crois pas. C'est donné plus de capacité à Nicolas Sarkozi que de lui prêter le don de tout faire à la place de tout le monde. Effectivement Luc Chatel ne baigne pas dans le milieu enseignant, mais Roseline Bachelot n'est pas médecin et Michèle Alliot-Marie n'est elle pas juge de l'instruction (vu que c'est comme ça que l'on doit dire maintenant)... Et je te rappelle aussi que le Président de la république ne cumule pas toutes ces compétences.
    Je pense qu'il faut laisser notre à nouveau ministre le soin de présenter ce qu'il veut faire de l'éducnat et après on pourra parler.

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  5. @ Julien L. : eh bien, tu es remonté.

    Je te trouve bien réducteur avec nos ministres. Il y a déjà le climat qui varie beaucoup en fonction du ministre. Ensuite, il y a bien des réformes régulières. J'ai fait des TPE en Tle par exemple, à une époque. J'ai aussi eu 15 collègues de plus dans l'établissement.

    Je maintiens ma vision sur Sarkozy, en disant qu'il s'intéresse particulièrement à ce sujet je pense. Quant à Luc Chatel, je n'en pense pas grand-chose pour le moment. J'attends de voir.

    Le billet visait quand même à une petite touche humoristique...

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  6. Oui enfin on est prié de ne pas refiler ses bâtons merdeux aux autres hein ...

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  7. Mais si, vous en avez eu un, de ministre, qui connaissait bien l'Éducation nationale, qui plus est sous un gouvernement de gauche. Il s'appelait Claude Allègre. Seulement, le malheureux, l'inconscient, il a voulu CHANGER les choses et s'attaquer à la gabegie. Alors, forcément...

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  8. Je ne suis pas certain qu'un prof fasse un bon ministre de l'Education Nationale. Clémenceau disait un peu la même chose à propos des militaires.
    En revanche, un ministre de l'Educ porte parole du gouvernement soit c'est pour ne rien faire de plus qu'avant en attendant les Présidentielles soit c'est pour chambouler un peu plus les choses et là ça sent la catastrophe

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  9. @ Audine : il faut bien faire un relais.

    @ Didier : Claude Allègre vous plaît ???

    @ Ferocias : on n'a plus qu'à attendre...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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