vendredi 26 juin 2009

« Merci d’avoir dépouillé le 7 juin », dit le maire des Lilas.

Hier soir, en rentrant de ma journée de travail dure et acharnée, j'ai découvert, dans le tas d'enveloppes ramassé par ma conjointe un peu plus tôt dans la journée dans notre boite aux lettres, une lettre du maire des Lilas. Immédiatement, la crainte a pointé son nez : il y a quelques temps, j'ai été repéré par l'autre blogueur influent des Lilas, proche de la municipalité. Mais non, rapidement, mon égo a dû se réfréner : l'édile voulait juste me remercier d'avoir participé au dépouillement des élections européennes le 7 juin dernier.

C'est vrai que le dépouillement n'est pas une opération très agréable. D'abord, cela reste très formalisé, et c'est heureux mais embêtant quand on tente de déterminer dans quelle catégorie de bulletin nul rentre ce vote-là (il y en a 11 ou 12…). Ensuite, on est encadré par les militants des différents partis qui peuvent parfois s'avérer vraiment pénibles. Enfin, c'est généralement assez long. Cette fois-ci, il s'annonçait vraiment difficile du fait du très grand nombre de listes, mais la participation a en largement réduit la durée. A 21h15, c'était bouclé

Ce qui m'étonne, cependant, est contenu dans cette notion de « remerciements ». Le vote est un devoir du citoyen. Celui-ci l'exerce comme il l'entend. Cependant, il est bien évident qu'on ne peut pas mener une élection sans une organisation très pointilleuse qui garantit la clarté de l'élection. Ainsi, dans un bureau de vote voit-on s'activer les militants, les élus de la commune et les fonctionnaires territoriaux mobilisés pour l'occasion. Le dépouillement fait partie de la mission du citoyen. Généralement, je ne demande pas à dépouiller, mais je considère que je dois accepter si on me le demande, sauf si j'ai un engagement vraiment impératif, assez rare le dimanche soir. Le président de mon bureau de vote m'ayant repéré, je suis souvent sollicité, mais cela ne me dérange pas vraiment.

Le fait que le maire me remercie signifie donc que mes concitoyens ont tendance à refuser lorsque les présidents de bureau demandent. Or, sans un dépouillement honnête et clair, l'élection n'est pas possible : il ne faut surtout pas que les fonctionnaires ou les élus fassent le dépouillement ! Certes, on pourrait mettre en place des machines à voter (cela existe à certains endroits en France) mais on sait aussi que ces systèmes peuvent être piratés et ne sont pas plus sûrs que le dépouillement.

Reste cette lettre. A mon sens, le maire ne devrait pas écrire ces courriers. Le citoyen doit participer au bon fonctionnement des opérations électorales et il est normal que nous nous soyons mobilisés. Le fait de nous remercier nous indique qu'on est bien gentil et qu'on aurait pu aller picoler au bistro plutôt que de venir. J'estime que nous avons simplement fait notre devoir de citoyen. Il est dommage qu'un maire se sente obligé de remercier ses concitoyens de participer à la bonne marche du processus démocratique…

7 commentaires:

  1. Pourquoi ne faut-il surtout pas que les fonctionnaires fassent le dépouillement ?

    La fonction les rend moins "citoyens" que des anonymes ?

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  2. @ Fabrice : la fonction les rend surtout influençable par les élus de la majorité en place, histoire de favoriser un peu sa carrière. Le danger de collusion est réel dans ce cas.

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  3. Parceque les élus en question (qui sont présidents des bureaux de vote) est évidemment incapable de demander à des "anonymes encartés" de participer au dépouillement ?

    Et je te rappelle que le statut du fonctionnaire lui garantit un déroulement de carrière même sans intervention politique. C'est même un peu la raison de l'existence du statut...

    Y'a des fois où ton raisonnement m'échappe.

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  4. @ Fabrice : ben, et la note ? C'est le maire qui vous note, non ?

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  5. D'abord le Maire ne note que dans le principe général parce qu'il est le responsable du personnel, dans les faits la notation est faite par la hiérarchie des agents.

    Ensuite la note n'a de réel intérêt que lorsque l'on cherche à changer de collectivité. Et à ce moment là deux possibilité : soit on veut se débarrasser du mec et on falsifie sa notation pour faciliter le départ soit le mec est compétent et il a une bonne notation pour partir.

    A part les rares cas où le mec est dans la situation où 1) il n'a aucune passerelle avec le politique et 2) son petit chef l'a dans le nez et veut lui faire la vie dure (j'en connais 1 en tout et pour tout dans tous mes réseaux professionnels) franchement la notation c'est du flanc.

    Et au pire avec une notation affreuse tu progresse encore à l'ancienneté, juste plus lentement.

    Par contre si tu te fais gauler à falsifier les élections là c'est faute grave et radiation des cadres. Gros risque pour un si petit gain potentiel (surtout que dans les élections locales tu es très très surveillé par des militants un poil trop anxieux).

    Pas plus de risque avec les territoriaux qu'avec les citoyens donc.

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  6. @ Fabrice : ok. Je pensais que la note avait un impact bien plus important sur vos carrières, ce qui explique le sens de mon billet.

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  7. La notation c'est juste la façon "politiquement correcte" de pistonner les petits copains. Pour le commun des mortels (dont je fais hélas partie) elle n'a d'autre impact que de faire une demi-journée de pause dans le bureau d'un directeur.

    Ah si des fois y'a des citations qui deviennent légendes : "comment vois-tu l'avenir pour toi ?" "Loin d'ici, mieux payé et avec une hiérarchie moins con"... Mais c'est rare, parce qu'il faut avoir trouvé l'autre poste au moment de l'entretien ;)

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