vendredi 23 janvier 2009

Et toi, cher lecteur, aimes-tu manifester ?

La semaine qui débute, cher lecteur, va être absolument décisive pour la suite du mandat de Nicolas Sarkozy. Ce jeudi, le président affronte la première grève générale depuis 2003, mouvement appelé par un grand nombre de syndicats. Vu ses efforts pour saquer le mouvement social, Sarkozy démontre que le rendez-vous est important.

Évidemment, cette grève, en dehors de divers blocages, va surtout être visible par des manifestations un peu partout en France, et particulièrement à Paris. On oublie souvent que le but originel de la grève était de pouvoir manifester son mécontentement dans la rue.

J’ai défilé pour la première fois de ma vie en 1994, lors d’une immense manifestation qui contestait la réforme de la loi Falloux, portée par François Bayrou, ministre de l’Éducation nationale d’Édouard Balladur. A ce moment-là, j’étais lycéen. Il y a ensuite eu les grands cortèges de 1995, et ceux de 2003. Et puis, il y a dans ma mémoire la monstrueuse manifestation du 1er mai 2002, lorsque nous sommes tous descendus dans la rue, de droite comme de gauche, pour dire notre inquiétude devant l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Depuis que je suis enseignant, et surtout depuis 2002, je manifeste souvent, soit avec mes collègues, soit dans le cas d’autres causes que je peux soutenir par ailleurs, souvent en week-end.

Pour moi, la manifestation a plusieurs sens. Elle permet d’abord de montrer au grand jour sa contestation d’un adversaire éventuel ou d’une politique. Elle peut être politique, ou social, ou même s’appuyer sur des problèmes économiques : on peut manifester pour tout (et même pour n’importe quoi). Elle a aussi l’avantage de se compter et de voir si son sentiment est partagé par une part importante de la population. Elle autorise le défoulement (ça compte parfois). Enfin, symboliquement, pendant quelques heures, le peuple reprend le contrôle de l’espace public, supplantant un peu l’activité économique traditionnelle. Elle est dangereuse aussi, autant à cause de groupes de casseurs que des réactions inattendues des forces de l’ordre. En tout cas, dans mon cas, c’est un vrai plaisir, et je me sens exister politiquement, et vivant, vraiment vivant.

Traditionnellement, la manifestation en France est marquée à gauche. La droite sait aussi en faire usage, dans sa version violente (comme le 6 février 1934) comme dans sa version pacifique (30 mai 1968), ce qui fait penser aux étrangers qu’il s’agit là d’une vraie tradition française.

Pourtant, lorsque je discute avec mes proches, je me rends compte que la manifestation touche aussi à l’intime. Beaucoup de gens de gauche ne manifestent jamais, d’autres le font tout le temps. Beaucoup de citoyens de droite sont révulsés par l’idée, mais le font quand même régulièrement. Les ressorts sont nombreux dans l’acte de manifester, et il faut aller au-delà de la simple position politique pour entrer dans les mécanismes psychologiques de chacun. Je sais par exemple que je me suis souvent retrouvé en cortège avec l’ami Fabrice, mais pas sous les mêmes bannières. Par contre, à part une fois en 1995, je n'ai pas vu Manuel se lancer dans ce genre d'actions (depuis, il a changé, il a même été candidat pour entrer dans le réseau LHC…).

Et toi, cher lecteur, outre tes positions politiques, la manifestation te révulse-t-elle ? Est-elle un moment de joie ? T'indiffère-t-elle ? La partie commentaires est ouverte.

16 commentaires:

  1. même mes filles s'y mettent... suis-je un mauvais exemple...

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  2. j'aime bien manifester mais je n'aime pas marcher en ville.

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  3. @ Gaël : ah, les parents, très importants dans cette question.

    @ Peuples : une manif à la campagne ? Tu es membre de la Confédération paysanne ?

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  4. Ni l'un, ni l'autre, je ne suis pas un manifestant, jusqu'à présent, quand le boulot n'allait pas, je le quittais, et quand le pays ne m'allait pas je le quittait aussi. Je préfère la réaction personnelle que la la plainte. C'est un peu égoïste mais bon.

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  5. @ Manuel : je crois quand même que le choix entre l'action individuelle et l'action collective est un vrai fondement de chaque individu, lié autant à l'éducation, à la psychologie qu'à l'origine sociale et aux idées politiques. C'est quand même l'une des grandes différences entre nous, cher camarade.

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  6. Je rage de ne pouvoir en être ( raisons de santé)d'accord avec vous, être entourée de tant de gens qui partagent mes idées, ça me réconforte un peu tant est difficile dans la vie courante de faire entendre sa voix.
    Ps mes premières manifs : 1968 j'avais 20 ans et....(Paul Nizan)

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  7. @ Anonyme : vous inquiétez pas, on va vous représenter, et en faire un gros truc...

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  8. Je n'ai jamais pensé que c'était le rôle de la rue de changer le monde... Peut être que je me trompe.
    Non, pas fan des manifestations. Toujours trop politisées, avec des arrières pensées qui me semblent à milles lieux des réels mécontentements...

    J'essais d'agir et d'exprimer mes peurs et mécontentements différement...

    Bon weekend

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  9. @ Faucon qui aime rester dans son nid : je n'ai jamais dit que cela changeait le monde, j'espère que tu l'as bien vu.

    Ça, c'est parce que la dernière manif gaulliste remonte à 1984... ;)

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  10. Arf ^___^ (je pensais que c'était Mai 68' la dernière manif gaulliste ^^)

    Bon weekend

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  11. Non, je ne suis pas un manifestant dans l'âme; je n'aime pas gueuler des slogans... mais il se peut que je me mêle à la foule.

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  12. @ Faucon rieur : je pensais à la manifestation contre la loi Savary. C'est vrai qu'elle n'était pas forcément gaulliste, celle-là...

    @ Eric : du moment qu'on est là, c'est tout ce qui compte.

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  13. C'est pas vraiment dans ma culture de manifester.

    Mais avec la menace qui pèse sur les iut et le silence radio des radio, il faut bien s'y mettre pour ce faire entendre. mais les manif mon toujours sembler réserver aux syndicalistes et pardon l'expression d'une bande de mouton qui suit. Vraiment désolé de l'expression mais j'en trouve pas d'autre.

    Et puis, je fais maintenant partie de la coordination nationale des étudiants d'iut . Il y vraiment un sentiment d'unité et un pouvoir d'expression, pourvue qu'on nous entende!

    En meme temps, je me pose plusieurs questions: les manifestation d'aujourd'hui ont-elles réellement la même portée que ceux d'avant? On dirait qu'elle perd de sa portée du fait de la quantité de manifestation. A-t-on vraiment une culture de lutte en France nécessaire pour faire changer les choses? Ne peut-on pas inventer de nouveaux systèmes pour manifester notre mécontentement?

    Amicalement professeur!

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  14. @ Stessie : ah, vous devenez une brebis alors ? Cela dépend des manifestations. Celles que je cite ici sont largement au-delà de ce type de manif.

    Pour vous répondre à vos questions, dans l'ordre :
    1) à mon avis, oui, et je ne pense pas que le nombre ait diminué.
    2) Je ne crois pas que cela soit tellement différent qu'ailleurs. Ce sont les modes d'action qui sont spécifiques à la France.
    3) Ça, c'est le boulot des jeunes. Au travail !

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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