dimanche 16 mai 2010

Arrêtons cinq minutes de bloguer sur l'actualité immédiate, et posons-nous quelques mois.

Cher lecteur, je vais encore avoir l'air de cracher dans la soupe, mais je suis un peu surpris de l'évolution récente des débats blogosphérique, twitteriens, politiques et médiatiques pour ne pas lancer un cri d'alarme.

Nous vivons assurément une période-clé de notre histoire. Contrairement à ce que pouvait prophétiser Fukuyama il y a quelques années, nous sommes bien loin de la fin de l'histoire.

Depuis 2008, le système économique mondial, théorisé dans les années 1950 et progressivement construit durant les années 1970 et 1980 est en train de s'écrouler. Actuellement, nous sommes tous dans l'urgence et il est difficile de se livrer à des analyses complexes sans avoir un minimum de recul. Nous vivons sans doute une période comme le furent la grande dépression des années 1870 ou la crise de 1929.

Certains se livrent à des tentatives d'analyse en s'appuyant sur de grands auteurs du passé. Certes, on peut toujours dire que Hayek, Schumpeter, Marx, Keynes ou Friedman avaient prévu ces résultats, mais si l'on affirme cela, on se ment. Tous ces grands intellectuels travaillaient sur un monde tel qu'il était de leur temps. Même si certains des concepts développés sont sans doute encore opérants (la plus-value, la destruction créatrice ou le rôle de la monnaie), ces hommes ne pouvaient prévoir certains phénomènes comme l'évolution de la mondialisation par exemple, le développement des réseaux, le poids des financiers... A l'évidence, le monde change et sans que personne ne puisse réellement savoir vers où il va se diriger : les variables sont bien trop nombreuses. Des intellectuels travaillent aujourd'hui, ne les ignorons pas.

Cette semaine, la blogosphère de gauche a discuté sur la potentielle candidature de Strauss-Kahn en 2012. D'autres se sont inquiétés de l'état de l'opposition à Sarkozy. Il ne faut pas se lancer, à mon sens, dans ces tentatives de prévision, car l'évolution rapide du monde fait que nous ne pouvons pas, quelles que soient nos idéologies et nos valeurs, prévoir comment les choses vont tourner. Le précédent de 2002 aurait pourtant dû nous vacciner.

Par contre, nous nous devons de tenter d'analyser la situation présente et de faire des propositions, quels que soient nos camps. En effet, l'état de notre pays et de la planète sont bien trop préoccupants. A l'évidence, nos corpus idéologiques doivent évoluer et nous devons admettre que cela est nécessaire, même si cela peut être difficile.

Certains s'essaient à faire des propositions, même si cela est parfois maladroit. La blogosphère française a évidemment un impact faible sur les choses, et cette situation perdurera si nous en restons à essayer d'imaginer quel candidat du PS sera en lice en 2012. Tentons déjà de comprendre comment le monde évolue, comment les politiques en poste réagissent, comment cela pourrait tourner. Faisons des propositions, si nous en avons, et n'hésitons pas à nous faire matraquer par les autres blogueurs si cela est malvenu. Ainsi, nos concitoyens pourront trouver chez nous des idées à piocher et nous servirons à quelque chose.

Sinon, s'il s'agit de faire le même commentaire médiocre que celui de l'AFP, autant se taire...

9 commentaires:

  1. Á LA SUEUR DE TON FRONT …


    « À la sueur de ton front tu mangeras du pain jusqu’à ton retour au sol… »
    Génèse 3.17


    Ainsi était née la monnaie. Le besoin alimentaire étant satisfait par le travail de la terre, il fallut trouver un moyen de satisfaire les autres besoins. L’entraide, l’échange, le troc ne suffisaient plus. La spécialisation des uns et des autres dans l’agriculture, l’élevage, la construction des maisons, la fabrication des habits, l’art ou la prière fit qu’on ne pouvait plus raisonnablement échanger un poulet contre une tunique, une gravure rupestre contre une maison, un silex contre un poisson.

    La monnaie servit donc à définir la valeur de chaque objet ou service en fonction de leur utilité, puis plus tard de leur rareté ou de leur difficulté d’élaboration. Il advint même que la monnaie eut une valeur au même titre que le blé alors qu’elle n’était censée représenter que la valeur de ce blé prix de la sueur !
    La chose aurait pu ne pas être grave en soi, n’eut été le fait que la monnaie devint l’outil principal d’émission monétaire.
    On avait en effet assisté au fur et à mesure de l’évolution des systèmes économiques à une inversion des priorité qui devait aboutir à ce que les actes essentiels à la vie : la production de nourriture, de services de santé ou d’éducation ne soient plus prioritaires dans la création monétaire, cet indispensable était peu à peu remplacé par l’inutile et le superflu.

    On pourra objecter que le crédit, véritable outil de création monétaire puisqu’il anticipe un acte créateur, est devenu indispensable au développement économique, c’est vrai mais à la condition essentielle qu’il ne soit justement qu’une anticipation d’un acte véritablement générateur de monnaie et qu’il ne vienne pas se substituer à cet acte.

    Il se trouve que la cause essentielle de la dramatique crise économique dans laquelle nous ne faisons qu’entrer tient à ce que le crédit a été détourné de sa noble fonction pour aboutir à un vulgaire outil d’émission de fausse monnaie. Ceci est vérifié au travers du système des subprimes, du crédit hypothécaire, hedgefunds et autres produits dérivés.

    Le banquier digne de ce nom, créateur de monnaie, avait l’habitude d’accorder un crédit non pas en fonction des garanties offertes, mais en fonction de la capacité de remboursement du projet financé.
    On ne prête pas raisonnablement sur les éléments du bilan, mais sur ceux d’un compte d’exploitation prévisionnel, les éléments bilanciels ne représentant qu’une sécurité statique et figée au cas où l’exploitation dynamique et génératrice de monnaie viendrait à faire défaut.

    L’acte I du drame de l’euro se déroule en Grèce, on y voit tous les banquiers et financiers de l’Europe et du Monde venus se faire voir chez les Grecs et y battre fausse monnaie, en consentant à ce pays des crédits énormes dont ils savent qu’ils ne seront pas remboursés, puisque définis à partir du bilan catastrophique du pays.
    Toutes les mesures imposées à la Grèce et qui conditionnent l’attribution de ces crédits, ne concernent pas le développement d’activités économiques génératrices de monnaie mais l’amélioration très hypothétique d’un bilan qui pourrait au mieux permettre la récupération d’une faible partie de la dette, mais ne saurait permettre ni de payer les intérêts, ni d’assurer des conditions de vie décentes à la population du pays.

    L’acte II concernera les pays, dont la France, pas loin de la Grèce quant à leur situation financière. On y envisage des mesures que l’on a honte de qualifier de rigueur. Elles ne concernent aussi que le bilan, rien sur le compte d’exploitation prévisionnel ! Elles n’apporteront donc rien que la poursuite d’une crise si bien partie.

    La seule solution consisterait pour chaque pays, « à la sueur de son front de manger son pain », sans aller chercher pain ou sueur chez ses voisins ou dans l’Empire du Milieu.

    Jean-Pierre Canot
    Bergerac le 12 mai 2010

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  2. Nous vivons un drame économique, sans que personne ne réagisse, cela m'affecte beaucoup de voir l'inconséquence généralisée devant la situation actuelle.
    mais au fond il n'y a qu'aujourd'hui qui compte, demain n'existe plus.

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  3. @ Anonyme : vous devriez ouvrir un blog.

    @ Peuples : quel commentaire triste...

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  4. @Mathieu L.
    Jean-Pierre Carnot alias anonyme a un blog et est l'auteur de 2 ouvrages.
    http://reviensilssontdevenusfous.blogspot.com/

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  5. Tiens ! Y'a un commentaire trop long ci-dessus.

    "cette situation perdurera si nous en restons à essayer d'imaginer quel candidat du PS sera en lice en 2012. "

    Pas d'accord ! Le choix du candidat est aussi important que le reste puisque c'est uniquement un bon candidat qui permettra d'appliquer un programme... en étant élu.

    Il faut arrêter de jouer aux bisounours (comme je le fais d'ailleurs moi-même souvent). Le problème est simple : il y a 10% des électeurs qui ne sont pas intéressés par la politique, n'y connaissent rien et n'ont pas d'a priori "droite gauche" mais qui votent néanmoins au second tour de la présidentielle "parce que c'est important". Alors, ils vont choisir le candidat qui fait confiance, celui en lequel ils peuvent laisser les clés de la maison France...

    Il y a eu dans les blogs, un long débat sur les couches populaires, DSK qui était un repoussoir pour le peuple, ... Non. Le peuple s'en fout. DSK fait confiance.

    N.B. : Je ne suis pas DSKiste, ni iste de rien, d'ailleurs. Je dis juste que l'enterrer a priori est une erreur... Presque historique.

    Ce qui n'empêche pas de parler du fond.

    Tiens ! Mon commentaire est trop long, aussi.

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  6. @ Vlad : oups, merci pour l'information, je ne connaissais pas ce blog et cet auteur.

    @ Nicolas : je ne sais pas. Pour moi, DSK ne représente pas du tout l'assurance d'une victoire en l'état actuel des choses.

    Regarde, en 2005, Ségolène était donnée présidente par tous les médias. On voit où cela nous a menés. D'autre part, DSK est à la tête d'une institution libérale, et cela pèsera dans sa campagne.

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  7. Mathieu,

    Je n'ai pas dit que DSK était l'assurance, j'ai même précisé que je n'étais pas DSKiste. Je pense juste qu'il ne faut pas éluder maintenant ce qui fera gagner au deuxième tour... Et arrêter de penser (ce qui n'est pas ton cas) de se croire représentatif du peuple...

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  8. Jacques Généreux : "L'esprit de Munich a envahi les têtes de ceux qui nous gouvernent !"
    « Et même si le risque de contagion semble écarté pour l'instant -- en appliquant le remède habituel : un "fonds de stabilisation" à 850 milliards d'euros (c'est-à-dire plus de dette pour soigner la dette, )... je pense qu'un tournant a été franchi dans l'histoire des devises fiduciaires. Un krach obligataire est fortement possible »


    A écouter impérativement (source le point, France Info et parlons net):
    Économiste et professeur à Sciences-Po, Jacques Généreux était vendredi l'invité de Parlons net , l'émission de France Info en partenariat avec lepoint.fr et d'autres grands sites d'information. Pour celui qui a quitté le PS et rejoint le Parti de gauche, le plan européen pour sauver l'euro est une aberration. Les gouvernements auraient dû accompagner leur plan de sauvetage d'une série de mesures fortes pour s'attaquer aux spéculateurs. Quant aux plans de rigueur que mettent en place les gouvernements européens, ils ne sont destinés qu'à faire plaisir aux marchés.

    mon blog : http://citoyenactif.20minutes-blogs.fr/archive/2010/05/16/jacques-genereux-l-esprit-de-munich-a-envahi-les-tetes-de-ce.html

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  9. @ Nicolas : le problème, c'est que la conjoncture évolue tellement vite qu'il me semble difficile de savoir qui sera le plus adapté.

    @ Anonyme : oui, Généreux est un type intéressant.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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