mardi 11 mai 2010

Des mouvements d'élèves contre la réforme du calendrier : sporadiques mais réels.

Ce matin, alors que j'étais en première heure de cours, en train de mettre au travail mes élèves sur une difficile activité (d'après eux !) sur la Révolution française, une élève m'interpella brusquement en me demandant, candidement : "Monsieur, c'est vrai que l'on va avoir un mois de vacances de moins en été ?"

Sur le moment, j'ai été très surpris par la question. Jusque là, la question de la réforme des rythmes scolaires ne suscitait pas de réelle intérêt en dehors de quelques cercles très restreints de l'Éducation nationale et de quelques blogueurs un peu masochistes et aimant reparler du boulot après le boulot. Certes, le ministre semble s'agiter sur la question, mais, même si la réformite est une maladie fortement contagieuse chez nos dirigeants, la somme des réformes de l'Éducation faite par Luc Chatel étant déjà importante, on peut librement estimer que cela n'ira pas plus loin que les déclarations d'intention.

D'autant plus que, sur ce thème, les lobbies sont puissants. Toute l'industrie du tourisme (un secteur qui emploie en France 5 millions de personnes) est prête à arroser massivement l'UMP pour avoir l'assurance qu'il n'y aura absolument aucune réforme. Personnellement, si j'étais au gouvernement, j'agirais davantage sur les petites vacances, en particulier sur la seconde moitié de l'année, mais après tout, pourquoi ne pas réfléchir aux vacances d'été ?

Cependant, je ne pouvais cacher ma surprise. Généralement, dans mon lycée dit difficile, les questions politiques ne parviennent à atteindre les élèves que dans des cas très particuliers (un match de foot, une grève paralysant le pays depuis six mois, un débat sur le voile...) et les réformes de l'Éducation nationale ne passionnent guère. Je ne pouvais donc que m'inquiéter qu'une telle information soit déjà présente dans une seconde de mon établissement.

De retour en salle des professeurs quelques heures plus tard, je posais la question à mes collègues et j'appris que plusieurs établissements du coin étaient touchés par des mouvements de blocage ou de manifestation sur ce thème depuis quelques jours, en particulier des collèges (ce qui est encore plus rare et illégal !). Apparemment, l'information passerait par Facebook, démontrant l'impact de ce réseau social chez les jeunes.

Croyant être face à un nouveau mouvement typiquement cristolien, je fus encore plus surpris de découvrir, chez mes camarades blogueurs de droite, deux billets sur le sujet ce soir, montrant que l'information est passée hors des milieux éducatifs.

Est-on face à un prémisse de quelque chose chez nos élèves ? Je serai bien incapable de le dire, mais il est certain que ce type de mouvements spontanés est d'une extrême rareté.

Je vous ferai part, chers lecteurs, de toute évolution méritant d'être notée...

2 commentaires:

  1. Un fait que l'on ignore souvent : les vacances de février ont été inventées au début des années soixante afin de satisfaire au lobby de la neige qui construisait à grands frais ses merveilleuses stations de gigantesques chalets de béton et de bois en haute montagne. Grâce à la bagnole, les familles pouvaient découvrir les joies du ski. Corollaire de cette innovation : la politique du sport gaulliste (avec Maurice Herzog à sa tête, excusez du peu) a tout fait pour que les jeux olympiques se tiennent en France, à Grenoble, et pour mettre en avant les sportifs alpins comme Killy et les soeurs Goetschel avec une starisation qui n'avait jamais eu lieu avant pour de tels sports. Les vacances dites d'hiver (ou de carnaval) résultent d'un choix économique avant tout : elles ont ensuite été mises à date variable selon les académies pour que les stations puissent afficher des saisons pleines pendant un mois (le prétexte a été l'étalement des départs à la neige*). Mais ce sont des vacances qui tombent après parfois quatre (4 !) semaines de travail. Le rythme des séquences de cours est lourdement plombé par ce genre de coupure. Mieux : les vacances d'hiver avaient été conservées en trois zones dans les années 90, mais avec un échelonnement sur trois semaines seulement avec des départs en milieu de semaine pour une zone. Cris d'orfraie du lobby nivéal qui ne pouvait plus empocher de semaines ou de quinzaines pleines.

    * Sachant qu'une famille sur deux ne part jamais en vacances, on peut comprendre combien l'argument du trafic routier est ridicule hors agglomération parisienne.

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  2. @ Dominique : entièrement d'accord avec cette contribution. Il faut totalement revoir les rythmes de la deuxième partie de l'année, improductive par rapport à la première.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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