jeudi 19 février 2009

Et on continue à sabrer les recettes de l'Etat pour répondre à la crise économique...

Après le discours de Sarkozy d’hier, les réactions, multiples, vont toutes dans le même sens. Les journaux, les syndicats, le MEDEF, le PS, les blogueurs de droite comme de gauche, estiment que le président s’est contenté de mesurettes coûteuses et sans grand impact sur l’économie. Personnellement, suite à mon billet d’hier, je suis entré dans une colère noire (sans jeu de mots vaseux), vu le peu de temps accordé, à la toute fin du discours, à la situation de la Guadeloupe. Il n’y a bien que le blog collectif qui a bénéficié du discours du président.

Ce qui est sûr, après m’être calmé et avoir un peu regardé le catalogue de propositions sarkozyennes, c’est que le grand flou artistique domine les annonces présidentielles, saupoudrant ici et là quelques euros, annulant une partie de l’impôt sur le revenu, donnant quelques allocations, un chèque emploi-service… Dans l’ensemble, des petites sommes qui vont avoir un impact assez modéré durant les prochains mois.

Pour agir, le président joue sur une politique de dépenses publiques. Cependant, comme il en a l’habitude depuis qu’il est président, il en profite pour continuer à sabrer les recettes par la même occasion, en privant l’État de 1,1 milliards d’euros par la réduction de l'impôt sur le revenu.

Ce type de politique peut être cohérent en période de crise, mais les mesures prises ne sont pas durables, vont nous attirer les critiques de l’UE et ne serviront probablement pas à grand-chose. En plus, comme on ne peut pas lisser la dette, il faudra la payer plus tard.

Malgré le cirque médiatique de Laurence Parisot hier, il est évident que Sarkozy ne souhaite pas rompre avec le patronat pour autant. Je vois sa stratégie de la manière suivante :

  • Conformément aux souhaits du MEDEF, le président ne pousse pas à l’augmentation durable des salaires, malgré la diminution régulière de ceux-ci dans la répartition du PIB depuis 1983. Certes, il nous a servi hier un discours gauchiste, mais je vois mal le président affronter directement les patrons qui constituent une de ses bases électorales. Il s’accroche au dogme, installé par les néolibéraux, de la nocivité de l’augmentation des salaires quand le marché n’y pousse pas (ce qui ne peut arriver qu’en période de plein-emploi). C’est dommage, car la hausse des salaires maintient la consommation, évite la prise du crédit à outrance qui nous fait beaucoup de mal en ce moment, et permet aussi la hausse des recettes fiscales.
  • D’un autre côté, le président craint un mouvement social d’ampleur, lié à la grève du 29 janvier et au mouvement des DOM, et qui pourrait se cristalliser le 19 mars prochain. D’où les mesurettes d’hier qui creusent encore les déficits publics mais qui visent à redorer l’image du président.

Pour affronter la crise, il est important, cher lecteur, de rendre à l’État un peu de marge de manœuvre. Personnellement, je n’aurai pas suspendu l’impôt sur le revenu, car il n’y a pas d’aide ici pour les 50% de Français qui ne le paient pas et parce que cela dédouane les employeurs, État compris, de jouer sur les salaires. Par contre, le cadeau du bouclier fiscal, qui a coûté 6 milliards d’euros au budget sans efficacité et pour une très petite minorité de la population qui n'en a pas besoin, et la défiscalisation des heures supplémentaires, qui a affaibli la Sécurité sociale et qui a maintenant un effet pervers sur le maintien de l’emploi, pourraient être des bons moyens de retrouver un peu de recettes et d’investir dans l’avenir.

Évidemment, il faudrait que le président revienne sur une de ses promesses-phares de 2007. Je sais qu’il nous promettait la rupture avec ces pratiques, mais le contexte le justifie quand même.

4 commentaires:

  1. je suis bien d'accord avec toi pour ta colère noire au sujet de la guadeloupe, c'est ce qui m'a le plus choqué

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  2. @ Peuples : et le discours de ce soir ne va pas arranger grand-chose, même si j'espère que les choses vont vite se calmer...

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  3. Salut Mathieu,
    J’ai été très heureusement surpris de lire sous ta plume que ces distributions, pourtant réclamées à cor et à cris par la Gauche toute entière, "vont nous attirer les critiques de l’UE et ne serviront probablement pas à grand-chose. En plus, comme on ne peut pas lisser la dette, il faudra la payer plus tard."…attention tu tournes mal :o)

    Par contre, je ne comprends pas bien, quelle différence il y a entre diminuer l'impôt sur le revenu de 1,1 milliard (sabrer les recettes) et donner 1,1 milliards en subsides diverses ? dans les 2 cas c’est une mesure « à un coup », dans les 2 cas on creuse un déficit déjà monstrueux et c'est l'emprunt qui finance !

    Quand à demander aux entreprises d'augmenter les salaires, cela me semble on ne peut plus inconsidéré à un moment ou elles ont plutôt tendance à licencier !

    Enfin, je suis tout à fait d'accord qu'il aurait fallut que Sarko renonce à son paquet fiscal pour plusieurs raisons que j'ai essayé d'exposer tant bien que mal dans mon dernier billet.

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  4. @ Nicolas007bis : en fait, tu m'as mal compris. Je me mettais à la place de Sarkozy, et je me suis étonné qu'un homme idéologiquement marqué à droite ne pense pas au PSC. Maintenant, il est vrai que les lignes ont beaucoup bougé, et le PSC est tellement idéologiquement marqué, qu'un petit rafraîchissement ne lui ferait pas de mal.

    Pour les aides, il s'agit seulement d'une tendance lourde sarkozyste. On creuse la dette en diminuant les recettes plus vite que les dépenses. J'admets que c'est assez bizarre comme mode d'action.

    Sur le salaires, je m'appuie sur le fait que le salaire est, à mon sens, le seul moyen clair et honnête de gagner sa vie. Or, depuis les années 1980, on bloque les salaires et on les remplace par toute une série de bêtises comme le crédit à outrance par exemple, qui nous ont amené à la crise actuelle. Il va bien falloir, à un moment, ramené l'économie à du réel. De plus, les salariés pauvres et moyens, eux consomment, et c'est important.

    Oui, le paquet fiscal, l'illustration de l'orgueil du président...

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