samedi 13 décembre 2008

Une autre vision de ce qui se passe au PS.

Je me suis rendu compte ce matin, cher lecteur, que j'avais laissé passer mon 200ème billet sans réagir ni même célébrer quoi que ce soit. Bon, si tu veux célébrer avec moi, tu pourras le lire ici. Tu pourras aussi découvrir le 100ème billet des Gueules à cet endroit-là, commis par le très prolixe Manuel.

Comme tu auras pu le lire, je me suis fait la main sur l'UMP et Sarkozy dernièrement. Je me sentais inspiré et pensais avoir perçu des aspects politiques intéressants. Certes, un éminent blogueur très au fait de l'activité politique parlementaire m'a remis à ma place sur la dernière analyse. Tu pourras lire nos échanges ici.

Dernièrement, j'ai aussi pu découvrir que mes analyses sur le PS pouvaient se trouver prises en défaut. Je t'explique, cher lecteur.

Mercredi, durant une pause dans mon lycée dit difficile, je m'interrogeais sur les débats idéologiques qui secouent le PS en ce moment. Un collègue, qui m'écoutait, me sauta immédiatement au cou. Je découvris alors que ce prof, arrivé cette année, était lui-même un ancien militant PS et avait travaillé sur l'histoire du PS dans son temps étudiant, pas très lointain. Je ne cite pas ton nom, cher collègue, mais si tu le souhaites en découvrant ce billet, je le ferai.

Je te livre donc sa vision, très intéressante. Le congrès de Reims serait la continuité des luttes qui ont traversées le PS au moment du congrès de Rennes. A l'époque, Fabius, qui veut faire du PS un parti de supporters, affronte les autres leaders regroupés derrière Jospin, qui veulent maintenir la structure fédérale du parti. Jospin l'emporte à ce moment-là. Aujourd'hui, les acteurs sont différents mais la question est identique : "Martine Aubry défend la vision de Jospin de 1990, pendant que Ségolène pense qu'il faut aller vers le chemin imaginé par Fabius à l'époque" et ce malgré le fait que Fabius ait maintenant changé de camp.

Étonné, je signale à mon collègue que Ségolène propose l'alliance au centre, ce qui n'est pas rien. Mon collègue, très pédagogue, explique : "Ségolène ne déroge pas du tout aux valeurs socialistes traditionnelles, et elle ne voit le Modem que comme un nouveau moyen de gagner une élection, plus efficace que le PCF. Il n'y a aucune discussion idéologique réelle."

Voulant faire le malin, je réponds qu'on est en effet loin des grands débats idéologiques du Congrès de Tours de 1920. Et, là encore, je suis remis en question : "je pense que tu te trompes : à Tours, la grande majorité des socialistes qui créent la Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) en 1920 ne sont pas du tout léninistes. Ils pensent juste que ce qui vient de se passer en URSS va entraîner une révolution mondiale, et ils veulent prendre le train en marche. La majorité d'entre eux rallient ensuite la SFIO, soit par prise de conscience idéologique, soit poussés dehors du PCF par Moscou."

Bon, quand on prend conscience de son ignorance crasse, il faut faire preuve d'humilité. Donc, je demande à mon collègue de me dire à quels moments les débats idéologiques ont vraiment été important dans l'histoire du PS du XXe siècle. Deux réponses :
  • Il y a d'abord le débat au moment de la fondation en 1904. Lorsque Jean Jaurès l'emporte sur Jules Guesde, les fondements du socialisme français sont installés. Pour mon collègue, cependant, ce n'est peut-être pas la plus fondamentale.
  • En 1945, un conflit important se déroule à l'intérieur de la SFIO. On est dans un contexte très particulier, les idées socialistes sont en vogue, le champ politique a changé et le PCF est le premier parti de France. Deux lignes s'affrontent : Léon Blum défend l'idée d'un virage social-démocrate, en s'alliant avec les démocrates-chrétiens, pour construire un parti plus proche de la social-démocratie allemande ; Guy Mollet souhaite le maintien des idées jauressiennes. C'est Mollet qui l'emporte. Selon mon collègue, cette situation n'a plus jamais été remise en cause depuis.
Mes analyses du PS ont donc été balayées. Bon, je ne suis pas d'accord avec tout, mais voilà que s'affirme encore avec plus de force un point problématique du blogage : on parle de tout, on écrite vite, et on peut écrire des conneries parfois.

Maintenant, je me demande, cher lecteur proche du PS, ce que tu penses de cette vision. Est-elle juste ? Quels aspects en sont discutables ? Merci d'avance de tes éclairages.

12 commentaires:

  1. Une connerie reconnue est à moitié pardonnée...

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  2. @ Manuel : ce n'est pas forcément une connerie, c'est une autre vision, tout simplement, que je soumets au débat.

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  3. C'est toi qui as parlé de connerie, je ne faisait que répéter...

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  4. @ Manuel : à la RDB, on m'a dit que notre humilité jouait en notre faveur. Cultivons cela, très cher.

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  5. Et alors, toi, Mathieu, de Segolene ou de Martine, laquelle te parait la mieux à meme de proposer des analyses pertinentes pour un vrai programme - réaliste et moderne ?

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  6. @ PAt : si seulement je savais. Moi, j'étais pour Benoît Hamon. Je n'aime pas Ségolène, mais à cause de sa personne, pas de son programme. Pour le reste, je m'abstiens.

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  7. Très intéressant, merci aux deux auteurs de ce billet :)
    La question que j'aimerai poser au spécialiste de l'histoire du PS sus-cité est la suivante : pourquoi la question du ralliement à la social-démocratie et du rejet définitif de l'idéologie marxiste n'a-t-elle jamais vraiment été posée depuis 1945 ?
    Il y a eu pourtant des occasions, bien sûr la chute de l'URSS, ou bien tout simplement à chaque fois qu'une gauche européenne faisait son "aggiornamento" !
    Qu'est ce qui explique cette spécificité de la gauche française ?

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  8. @ Paul Guignard : je lui pose la question demain.

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  9. Très instructif et aucunement militant: c'est un très bon billet.

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  10. @ Homer : merci. Malheureusement, je voulais créer un débat mais aucun militant ne réagit encore...

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  11. Dommage en effet que le débat ne se crée pas ! Ma question n'était pas spécialement posée à votre ami, j'espérais également avoir quelques opinions des lecteurs de ce blog.
    Cela dit, je ne comprend pas pourquoi réserver aux "militants" (que je ne suis pas) une question qui intéresse toute personne qui se sent concernée par l'avenir politique de ce pays !

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  12. @ Paul Guignard : je ne visais pas à être réducteur.

    Pour ta première question, mon collègue m'a dit hier qu'il lui semblait impossible que la question se pose ainsi, à cause de la structure fédérale du PS. Le problème, c'est que c'est complexe et impossible à résumer en un commentaire... Je lui ai donné le lien de l'article. Peut-être commentera-t-il directement...

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