mardi 1 septembre 2009

Les ressorts profonds de l’accompagnement éducatif : introduction.

Il y a un thème de discussion sur lequel l'auteur de ce blog est en permanent décalage avec l'ensemble de ses collègues, voire de ses élèves, voire de l'ensemble de la société. Depuis que je suis enseignant, j'ai pu constater la pression forte à laquelle étaient soumis les élèves, que ce soit de la part de leurs parents, des enseignants voire d'eux-mêmes.

Le Saint-Graal est en effet là, à portée de main : le diplôme. Contrairement à ce qui pouvait se passer sous la IIIème voire sous la IVème République, époque bénie du certificat d'étude et du brevet supérieur que nos camarades réactionnaires se remémorent la larme à l'œil, nos concitoyens se sont lancés, dans le sillage de la troisième révolution industrielle, dans une course effrénée à la qualification de leurs enfants. Durant les Trente Glorieuses, le marché du travail absorbait tous les travailleurs et l'échec scolaire ne posait finalement pas tant de problèmes que cela. Depuis les années 1970, la hausse de la productivité, les délocalisations des emplois peu qualifiés et la chute de notre industrie ont amené les familles à espérer le diplôme le plus élevé pour leur progéniture. De plus en plus, un métier peu qualifié demande tout de même des qualifications. Ce phénomène se mesure très bien dans la fonction publique, voire même dans l'enseignement. Alors qu'une licence suffit théoriquement pour se présenter au CAPES (jusqu'à l'année prochaine), la plupart des reçus est dotée d'un master, voire d'un doctorat.

L'angoisse provoquée par la difficulté scolaire n'en est alors que plus forte. Pour un père et/ou une mère d'un milieu populaire, le diplôme n'est plus quelque chose de lointain que le chérubin aura peut-être s'il est très fort et s'il n'est pas assez musclé pour aller à la mine. Il devient la clé unique pour espérer avoir un emploi et plus le diplôme est élevé, mieux c'est. Les difficultés de l'école à traiter l'échec ont entraîné de nombreuses familles à se diriger vers le cours de soutien, voire le stage de vacances, auprès de prestataires privés (de moins en moins souvent enseignants vu la demande et la lourdeur de plus en plus importante du travail chez nous). Acadomia et consorts ont commencé à faire fortune, entretenant l'angoisse généralisée chez nos concitoyens.

Or, les enseignants étaient conscients de cet échec et se montraient eux-mêmes favorables au soutien, ne parvenant pas dans leurs propres cours à surmonter les déboires de leurs élèves. Le ministre Darcos a donc surfé sur la vague pour mettre en place l'accompagnement éducatif, d'abord dans les collèges en 2007, puis dans des lycées expérimentaux en 2008.

Utilisant les suppressions de postes pour dégager des heures supplémentaires en pagaille, le ministre s'est lancé dans toute une série de créations :

  • Soutien scolaire le soir, mais aussi projets de tout type soutenus par les inspections d'académie et les chefs d'établissement.
  • École ouverte dans les collèges le samedi et sur certaines dates de vacances.
  • Stage d'été et de petites vacances dans les lycées expérimentaux.

Vu les salaires, de nombreux collègues ont fait ces stages pour récupérer des heures supplémentaires. Les familles en sont satisfaites, car ces services sont gratuits (moins les impôts). Cependant, rien ne dit qu'ils ont un impact. Le rectorat de Créteil a certes affirmé que de ces stages venaient les bons résultats au bac de cette année, mais aucune étude sérieuse ne le démontre.

Mon opposition à cet accompagnement éducatif se situe à deux niveaux :

  1. Je ne crois pas en l'efficacité de ces dispositifs, qu'ils soient développés par le privé ou par l'Éducation nationale, en tout cas pour la très grande majorité des élèves.
  2. Je pense, alors que de nombreuses personnes de gauche les soutiennent, qu'ils sont un blanc-seing à l'idéologie libérale ambiante.

J'ai envie, dans les prochains jours, de te proposer, cher lecteur, de s'appesantir sur ces deux points.


Demain, je te promets que je te fournis les deux bilans mensuels des deux blogs, et que je réponds aux questions de Nicolas.

En attendant, tu pourras trouver ici une merveilleuse perle de Gaël sur la soirée à la Comète de la semaine dernière.

4 commentaires:

  1. Quand je vois un billet dont le titre comprend "éducatif" et "introduction", je me méfie.

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  2. j'ai entendu une trés belle comparaison entre l'école et le vélo :

    quand un gamin tombe de vélo, ses parents se précipitent pour voir s'il va bien, alors que s'il a un début de difficulté à l'acole, c'est l'inverse, j'ai trouvé ça intéressant (de mémoire c'était une pedopsychiatre interrogée par psychologie magazine)

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  3. En gros, tu as raison. Dans le détail, un bon cours particulier, c'est un apport formidable pour un élève motivé.

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  4. @ Nicolas : venez à moi les petits n'enfants...

    @ Gaël : oui, cette métaphore a une certaine réalité, mais heureusement, tous les parents ne sont pas dans cet état d'esprit.

    @ Mtislav : encore faut-il être dans cette situation précise.

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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