mardi 15 juillet 2008

Le budget de l'Etat dérape et les parlementaires s'inquiètent. Heureusement, encore !!!

Depuis quelques heures, un nouveau débat enflamme la blogosphère. Tout est parti de deux vidéos diffusées par le sénateur UMP Alain Lambert. La première rapporte quelques déclarations du député Gilles Carrez, qui s'inquiète de l'évolution des déficits, se réjouit de notre présence dans la zone euro qui nous permet encore de résister, et qualifie Eric Woerth de "ministre-croupion", qui ne peut gérer que la dépense. La seconde montre le même Eric Woerth, apparemment arrivé en cours de route dans la discussion, qui reconnaît être "ministre du recouvrement".


Tout de suite, des blogueurs ont fait ressortir le qualificatif de croupion, en particulier Dagrouik et Luc Mandret. Ils ont été repris au vol par Autheuil, qui a tenté de repréciser la position des deux intervenants de son point de vue.
Je doute franchement, cher lecteur, d'une réelle différence entre les trois points de vue de nos blogueurs. Que ce soit un conflit dans la majorité ou une collusion entre Woerth et les parlementaires pour s'inquiéter de la politique de Sarkozy, le résultat est le même : tous ces acteurs de notre vie publique, pourtant de droite et à priori en accord avec le gouvernement, s'inquiètent. Ils s'inquiètent d'abord d'une dérive de plus en plus forte des finances publiques, du fait que le gouvernement ne fait rien pour réduire l'écart et qu'il y a une incohérence politique considérable.


J'ai déjà développé l'idée, dans un billet précédent, que la dette publique n'était pas si élevée que cela et que la France restait finalement solvable, et que la dette privée, vu ce qui se passait aux Etats-Unis, m'inquiétait beaucoup plus. Cependant, il y a un paradoxe fort dans la gestion actuelle des finances publiques. Le chef de l'Etat ne cesse, de manière régulière, de réduire les recettes de l'Etat, et il le fait vite : le paquet fiscal était une première étape, plusieurs impôts ont été supprimés comme les droits de succession, et on s'apprête maintenant, avec la réduction de la TVA dans la restauration à 5,5%, de se passer de trois milliards d'euros supplémentaires, sous prétexte que cela fera redémarrer la consommation. Je suis persuadé que cette mesure sera inefficace, d'abord parce que les restaurateurs ne baisseront pas les prix (par un effet d'aubaine évident), et que, même s'ils le font, l'inflation reprendra le dessus rapidement et rétablira les prix à leur niveau précédent.


La problématique du déficit est pourtant forte, Sarkozy s'est engagé à la réduire, et la Commission Européenne veille. Eric Woerth doit donc réduire les dépenses, parce qu'il n'a pas le choix et il le fait n'importe comment, sans pouvoir se poser les questions de l'efficacité, de la pertinence et de la performance. Il supprime ainsi des fonctionnaires n'importe comment, y compris des gens dont on a besoin : des profs, des médecins, des militaires, des infirmiers... qui servent à quelque chose et qui ne vont même pas lui permettre de réduire le déficit. Pour mémoire, les 30 000 fonctionnaires qui seront supprimés l'an prochain ne représentent que 900 millions d'euros, contre les trois milliards précédemment évoqués de recettes en moins. A l'évidence, nous allons rapidement avoir un gros problème, et je ne vois pas comment notre gouvernement va se sortir de cette équation.


Alors, pour revenir à la polémique précédente, je comprends que les parlementaires grincent en votant des budgets de ce type. Après tout, ils sont aussi responsables de l'équilibre budgétaire de notre pays. Il y a forcément un moment où nous, citoyens, devront payer la note de cette gabegie budgétaire. La vraie bonne réaction devrait être de menacer le gouvernement et de poser la question de la censure : pourrons-nous un jour y arriver ? Ce serait bien, quand même, non ?

4 commentaires:

  1. Sarkozy ne se préoccupe pas du budget de l'état. Son unique préoccupation est de mettre un place sa vision de la France (un dogmatisme bling-bling et religieux à la sauce neuillois-américaine : un genre de caviar au ketchup). Le reste est une histoire de communication pour tenir le temps que ça se fasse.

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  2. C'est bien ce qui est inquiétant. Notre président est-il taillé pour le costume ? Il va falloir qu'on se pose la question assez vite, et éventuellement qu'on se mette en branle pour tenter de le virer avant terme.

    Là, je serai tenté de suivre l'appel de la Nouvelle Gauche : l'UMP à 10% aux européennes, et Sarko démission.

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  3. Attention, à 10% :
    - les élections européennes ne seront pas des élections importantes
    - c'est une victoire d'avoir fait mieux que 5% alors que tout le monde prédisait une déroute
    - si on prend en compte toutes les forces apparentées au président, le résultat est de 124% pour, chiffre calculé par une commission mixte ministère du budget (prévision de croissance)/ministère du travail (stat du chômage) et IPSOS/LE Figaro/Paris-match.
    - j'ai été élu pour 5 ans et je ferai 5 ans (zut, pas de remise de peine...)
    - mon programme est bon, la preuve, maintenant, quand le pouvoir d'achat baisse, personne ne s'en aperçoit (NdT : dans mon entourage).
    - le coup du kasstoapovkon, on me le fait pas !

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  4. Tu n'es pas un peu défaitiste ? Il faut quand même tenter le coup, même si ça ne marche pas. Après, on se sentira coupable...

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Laissez-moi vos doléances, et je verrai.

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